Après sept ans de pourparlers à n'en plus finir, le gouvernement du Québec a finalement lancé officiellement un programme universitaire d'appoint pour les pharmaciens étrangers (PAPE), hier. Le programme de 16 mois offert à la faculté de pharmacie de l'Université de Montréal a accueilli sa première cohorte de 30 étudiants cet automne. Ils sont originaires d'Amérique du Sud, d'Afrique du Nord, d'Europe et d'Asie, des continents où les pratiques en pharmacie diffèrent à plusieurs égards du Québec.

De passage à Montréal, la ministre de l'Immigration et des communautés culturelles, Kathleen Weil, a affirmé qu'il ne s'agit là que du prélude d'une entente déjà conclue avec au moins 30 ordres professionnels afin d'élaborer des programmes. Elle parle notamment d'une formation d'appoint pour accueillir des hygiénistes dentaires, des psychologues, des sages-femmes, des technologues, des professionnels en oncologie et en imagerie médicale. «On a une quarantaine de projets en cours, a-t-elle dit. On a terminé les consultations et ce que je peux vous dire, c'est qu'il y a une forte adhésion des gens des différents milieux à l'intégration des professionnels de l'étranger.»

740 000 emplois à combler

Selon les plus récentes prévisions d'Emploi-Québec, il y aura près de 740 000 emplois à pourvoir au Québec d'ici quatre à cinq ans en raison des départs à la retraite et de la création de nouveaux postes. On estime que près de 15% de ces besoins en emploi seront comblés par une main-d'oeuvre nouvellement immigrante.

Les nouveaux étudiants en pharmacie arrivent donc à point dans le milieu, puisqu'on estime qu'il manque 20% de pharmaciens en milieu hospitalier et 5% dans les pharmacies privées. Jusqu'à maintenant, les pharmaciens étrangers devaient recommencer presque entièrement une formation universitaire de trois ou quatre ans. Et cette formation n'était pas nécessairement adaptée à leurs besoins spécifiques.

Formation accélérée

À ce sujet, le doyen de la faculté de pharmacie, Pierre Moreau, a souligné que l'Université de Montréal permet, avec le nouveau programme, de former «cinq fois plus de pharmaciens, trois fois plus vite.» Tout au plus, l'université n'admettait autrefois dans son programme très contingenté de pharmacie que six à huit pharmaciens étrangers par année.

«C'est une voie rapide pour les pharmaciens étrangers, a résumé Diane Lamarre, présidente de l'Ordre des pharmaciens du Québec. Le programme est très axé sur leurs besoins. Tous les systèmes de santé sont différents, et le nôtre est centré sur les patients, sur la thérapie médicamenteuse et sur l'interaction entre les médicaments.»

En plus d'un stage pratique de 18 semaines, les nouveaux étudiants ont des cours de français intensifs et doivent maîtriser plusieurs notions: usage des instruments médicaux associés au suivi de la thérapie, toxicologie, pharmacovigilance, etc. L'Université Laval, qui a collaboré à l'élaboration du programme avec le gouvernement et l'Ordre des pharmaciens, n'offrira pas le cours d'appoint. Mais l'institution propose depuis peu un doctorat en pharmacie (Pharm. D.)

Selon les chiffres du gouvernement, la province a accueilli 53 985 nouveaux immigrants l'an dernier. De ce nombre, 69,5% font partie de la catégorie dite de «l'immigration économique». Cette catégorie regroupe des travailleurs qualifiés (62,8%) et des gens d'affaires (4,6%).