Le ministre de la Santé, Yves Bolduc, a confirmé jeudi qu'une campagne de vaccination contre la rougeole sera lancée avant la fin de l'année - probablement dès novembre - dans les écoles de la province.

Le ministre Bolduc a fait valoir que devant les éclosions de la maladie constatées par le système de surveillance du réseau, il était devenu nécessaire d'intervenir pour tuer dans l'oeuf tout risque d'épidémie.

Interrogé à son arrivée à l'Assemblée nationale jeudi matin, le ministre a fait valoir qu'il n'y avait aucun risque inutile à prendre. «La rougeole est l'une des maladies les plus contagieuses qu'on peut avoir», a-t-il rappelé.

«Actuellement, il y a des éclosions au Québec et ces éclosions font qu'il faut revoir notre politique de vaccination. Mais plutôt que d'avoir une épidémie - on n'est pas là du tout, compte tenu du nombre de cas -, on va proposer une vague de vaccination», a indiqué M. Bolduc.

La couverture vaccinale des enfants, systématique depuis plusieurs décennies, a été perturbée ces dernières années par la réticence de certains parents craignant un lien entre ce vaccin et l'autisme. Or, de nombreuses recherches ont démontré que ce lien n'existe pas, et le fait d'avoir des enfants qui se retrouvent sans protection désole profondément le directeur de la protection de la santé publique, le docteur Horacio Arruda.

«C'est un vaccin qui est sécuritaire, insiste-t-il. S'il y a un décès associé à la rougeole - les gens sont même hospitalisés dans une proportion de 10 à 15 pour cent parce qu'ils font des pneumonies, des otites - mais surtout, s'ils font une encéphalite et qu'ils restent avec des séquelles neurologiques, c'est inacceptable. C'est une maladie qui est complètement évitable, qu'on avait réussi à éliminer.»

La rougeole, qui était effectivement éliminée depuis 2002 au Québec, a fait sa réapparition depuis quelque temps; au cours des derniers mois, 750 nouveaux cas ont été dénombrés.

«Les couvertures vaccinales qui empêchent la transmission locale, ça prend 95 pour cent minimum», a expliqué le docteur Arruda. «On estime, dans les milieux secondaires, que ça varie entre 60 et 90 pour cent. Donc, on va essayer d'aller chercher le maximum de personnes pour monter au-delà de 95 pour cent, parce que c'est comme ça qu'on va empêcher la maladie de frapper et de continuer à se transmettre localement.»

La région la plus touchée est la Mauricie/Centre-du-Québec, qui a jusqu'à maintenant enregistré 525 cas; la Montérégie suit avec 126 cas.

Le vaccin, administré deux fois durant l'enfance - à 12 mois, puis en rappel à 18 mois -, assure une immunisation complète pour toute la vie. Plusieurs enfants n'ont jamais reçu la deuxième dose - soit parce qu'ils étaient aux prises avec d'autres problèmes de santé, soit qu'ils ont consulté un autre professionnel, ou soit que les parents ont tout simplement oublié.

La campagne de vaccination sera donc destinée aux jeunes qui ont échappé à l'une des piqûres, ou aux deux, pendant leur enfance. Évidemment, plusieurs de ces jeunes ont dépassé depuis longtemps l'âge de la vaccination, et les parents pourraient ne plus posséder les carnets de vaccination. Qu'à cela ne tienne: ils n'ont qu'à se faire vacciner de manière préventive, indique le docteur Arruda.

«Il n'y a pas de danger de recevoir une troisième dose. Moi-même, si je n'avais pas de preuve pour mes enfants, je n'hésiterais pas à leur donner trois doses», a lancé Horacio Arruda, ajoutant que dans les pays où les données de vaccination sont incomplètes, on vaccine à nouveau régulièrement les enfants dans les campagnes pour éviter la transmission de la rougeole.

Le ministère évalue à 155 000 le nombre d'enfants d'âge primaire et secondaire qui devront être vaccinés.

Déjà, une opération de vaccination d'urgence est en cours dans une école des Laurentides aux prises avec une éclosion inattendue de rougeole. Jeudi dernier, la direction de la santé publique des Laurentides a appris que trois élèves de l'Académie Lafontaine, à Saint-Jérôme, avaient contracté le virus.

Le ministère compte mettre sur pied un «fichier vaccinal» qui permettra d'identifier les élèves et le personnel scolaire n'ayant reçu aucune ou qu'une seule dose du vaccin, afin de leur offrir de se faire immuniser.