Au lendemain de la publication de la nouvelle liste de médicaments remboursés par Québec, la Coalition priorité cancer s'indigne du fait que plusieurs médicaments n'y figurent toujours pas. La Coalition déplore que le remboursement de ces produits, dont l'efficacité dans la lutte contre le cancer a pourtant été prouvée, soit refusé pour des raisons économiques. La Coalition demande au ministre de la Santé de dire «combien coûte une vie au Québec».

À l'automne 2010, la lenteur du gouvernement québécois à approuver les nouveaux médicaments contre le cancer avait été dénoncée par des oncologues québécois. En mai dernier, le ministre de la Santé, Yves Bolduc, a créé le Comité de l'évolution des pratiques en oncologie (CEPO). Ce comité composé d'oncologues devait conseiller l'Institut national d'excellence en santé (INESSS) dans sa décision de rembourser ou non certains médicaments.

Dans la plus récente liste de médicaments remboursés, publiée lundi par l'INESSS, quatre traitements contre le cancer sont refusés. Selon le président de la Coalition priorité cancer, les oncologues du CEPO avaient pourtant reconnu l'efficacité de ces produits. «Et le ministre Bolduc avait dit en mai que la valeur thérapeutique des médicaments primerait dorénavant la valeur économique. On voit que ce n'est pas le cas», dénonce le Dr Pierre Audet-Lapointe, qui déplore que les oncologues du CEPO n'aient qu'un rôle «consultatif».

Hémato-oncologue au CHUM, la Dre Marie Florescu est elle aussi déçue du fait que plusieurs traitements contre le cancer ne soient toujours pas remboursés. L'un de ses patients atteints du cancer du poumon, Raymond Dusseault, s'est fait dire en 2009 qu'il ne lui restait plus que six mois à vivre. Mais grâce à un traitement à l'Alimta, il est toujours en vie. «On sait que ce médicament permet de prolonger la vie et la qualité de vie. On est la seule province qui ne le rembourse pas pour le cancer du poumon. Pourquoi?», demande la Dre Florescu.

Pour motiver son refus de rembourser des traitements contre le cancer, l'INESSS invoque des raisons «pharmaco-économiques». «Les décisions économiques ont pris le pas sur les décisions thérapeutiques. C'est déplorable», note la directrice pour le Québec de l'Association canadienne du cancer du rein, Nicole Giroux.

«Avant, le Québec était exemplaire dans l'acceptation des médicaments. Là, on en accepte moins», déplore le Dr Audet-Lapointe. La situation inquiète tant la Coalition priorité cancer qu'un symposium sur l'accès éthique aux médicaments et traitements de pointe sera organisé à Montréal, le 8 décembre prochain.

Au cabinet du ministre Bolduc, on indique que la création du CEPO a permis de «donner une voix aux médecins» dans l'acceptation des médicaments et qu'à long terme, cela permettra «une meilleure accessibilité aux médicaments».