Les étudiants en médecine font les frais du désaccord entre les résidents en médecine et le gouvernement. Et dans plusieurs facultés, un «sentiment de panique» commence à s'installer chez les stagiaires qui craignent d'être des futurs médecins mal formés pour la pratique, a constaté La Presse.

Dans l'espoir de faire fléchir le gouvernement, les résidents ont cessé d'enseigner aux étudiants en médecine il y a deux mois. Résultat: les étudiants en stage (externat) sont laissés à eux-mêmes dans les unités de soins, quand ils ne sont pas carrément écartés de certains départements.

«J'ai l'impression d'avoir tout manqué depuis deux mois, c'est frustrant. Nous sommes lâchés lousse dans les étages, et ça ralentit les soins aux patients», déplore, Gabrielle Freire, une étudiante en médecine de la faculté de l'Université McGill, rendue à l'étape des stages pratiques.

L'étudiante explique qu'un sentiment de panique est en train de s'installer dans son équipe. «Les superviseurs sont censés prendre la relève, mais ils ne le font pas. En pédiatrie, par exemple, aucun étudiant n'a été admis à l'unité. Et dans les autres unités, on rédige les notes d'admission à l'aveuglette, sans supervision. En ce moment, la faculté s'arrange pour que nous ayons les notes de passage, mais je me demande si nos stages seront reconnus.»

Les résidents en médecine du Québec ont cessé d'enseigner aux étudiants le 11 juillet dernier. Ils veulent que le gouvernement reconnaisse leur enseignement. Les négociations se poursuivent à Québec, mais selon nos informations, on est encore loin d'une entente. C'est particulièrement vrai en ce qui concerne l'écart salarial de 34% avec les autres provinces que veut rattraper la Fédération des médecins résidents du Québec (FMRQ). Même si les résidents ne peuvent pas faire la grève, ils menacent de réduire de 10% les tours de garde.

Les étudiants de la faculté de médecine de l'Université de Montréal sont eux aussi sur les dents. L'un des responsables de l'association des étudiants en médecine, Antoine Marsan, explique que les médecins traitants font leur possible, mais qu'ils ne sont pas assez nombreux pour superviser les quelque 180 étudiants en stage.

«Actuellement, nous recevons notre formation à la bibliothèque, s'insurge l'étudiant en médecine. On n'a pas accès aux chirurgies. Et c'est paniquant, parce qu'on n'aura pas l'occasion de reprendre les stages.»

Médecins mal formés?

Les étudiants à qui La Presse a pu parler, tant à McGill qu'à l'Université de Montréal, sont peu enclins à appuyer le mouvement des résidents. «Notre éducation est mise à prix, résume la future médecin, Gabrielle Freire, de McGill. Je suis pour les revendications, mais nous sommes pris en otage. Donc, c'est difficile d'être en leur faveur.»

Olivier Lavigueur, un autre étudiant en médecine de la faculté de McGill, ajoute que c'est très stressant après trois ans d'efforts acharnés à l'université d'en arriver là à l'externat. «On n'a rien fait pour mériter ça, c'est injuste. Plus ça va durer, et plus notre formation va en souffrir. Il me semble que la dernière chose qu'on veut au Québec, surtout dans le contexte de pénurie actuel, c'est une cohorte de médecins mal formés.»

La FMRQ a décliné une demande d'entrevue cette semaine. On a expliqué que les négociations battent leur plein à Québec et qu'il a été convenu par les deux parties de ne pas faire de commentaires publiquement. Les fédérations représentant omnipraticiens et spécialistes - en principe en faveur des revendications des résidents - ne se sont pas non plus exprimées. Au Collège des Médecins du Québec, on a déjà expliqué à mots couverts que plusieurs médecins voient d'un mauvais oeil la demande des résidents de faire réduire les tours de garde de 24 h consécutives à 16 h dans les établissements.

La FMRQ regroupe les quatre associations de médecins résidents des facultés de médecine de Montréal, McGill, Sherbrooke et Laval à Québec. Elle compte près de 3000 membres, dont le quart se destine à une pratique en médecine familiale. Outre l'écart salarial à rattraper (il est estimé à 34% par la Fédération), les résidents veulent une reconnaissance de leur enseignement et ils veulent faire passer les tours de garde obligatoires de 24 heures à 16 heures. Ce dernier point fait d'ailleurs l'objet de recours devant les tribunaux.

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Les médecins résidents

La FMRQ regroupe les quatre associations de médecins résidents des facultés de médecine de Montréal, McGill, Sherbrooke et Laval à Québec. Elle compte près de 3000 membres, dont le quart se destine à une pratique en médecine familiale. Outre l'écart salarial à rattraper (il est estimé à 34% par la Fédération), les résidents veulent une reconnaissance de leur enseignement et ils veulent faire passer les tours de garde obligatoires de 24 heures à 16 heures. Ce dernier point fait d'ailleurs l'objet de recours devant les tribunaux.