Simon El Akhoury souffre de paralysie cérébrale. Il n'entend pas vraiment. Il ne parle pas. Il ne peut manger et doit être nourri par sonde gastrique.

Malgré son état de dépendance totale, le jeune homme de 19 ans a été abandonné pendant près de deux heures dans un hôpital de Montréal, lundi, à la suite d'une erreur des services de transport adapté de la STM.

Comme tous les jours de la semaine, Simon devait se rendre au camp de jour Papillon, destiné aux jeunes handicapés, au 2300, boulevard René-Lévesque Ouest. Il a quitté sa maison, à Dollard-des-Ormeaux, vers 9h30, à bord d'un véhicule de transport adapté de la Société de transport de Montréal. Comme d'habitude, la mère de Simon, Claudine Akhoury, a appelé une demi-heure plus tard au camp Papillon pour s'assurer que son fils était bien arrivé. «Ils m'ont dit que non. Qu'il n'était jamais arrivé. J'ai paniqué», raconte la mère.

Mme Akhoury a aussitôt téléphoné au service de transport adapté pour savoir où était son fils. «Ils m'ont dit que le chauffeur l'avait laissé au 2300, rue Tupper. Ça, c'est l'Hôpital de Montréal pour enfants. Il y avait eu une erreur d'adresse!»

Selon Mme Akhoury, une préposée des services de transport adapté lui aurait alors expliqué que le chauffeur, ne trouvant personne pour accueillir Simon à l'hôpital, avait joint le centre d'appels. «Et pour une raison que je ne comprends pas, on aurait dit au chauffeur de laisser mon fils sur place, sans surveillance. Le chauffeur est parti.»

La préposée aurait aussi indiqué à Mme Akhoury qu'un autre chauffeur pourrait aller chercher Simon vers 11h40. «Je ne pouvais pas accepter que mon fils reste seul dans un hôpital pendant 2 heures 40 ! En plus, c'était en plein dans l'heure où il devait avoir son gavage.»

En colère

Depuis, la mère ne décolère pas. «Quand j'ai appelé pour me plaindre, on m'a dit que rien dans le dossier de mon fils n'indique qu'il n'est pas autonome. Mais c'est évident qu'il ne l'est pas ! Il a 19 ans, mais il est en fait comme un enfant de 10 ans.»

L'histoire de Simon s'est bien terminée: son père a sauté dans sa voiture et est allé le cueillir à l'Hôpital de Montréal pour enfants. Mais, selon Mme Akhoury, ce n'est pas la première fois que les services de transport adapté se trompent d'adresse. «Sauf que, cette fois, le résultat aurait pu être catastrophique ! On doit revoir les règles pour qu'aucun enfant vulnérable ne soit laissé comme ça!», dit-elle.

La STM enquête

À la Société de transport de Montréal, on reconnaît qu'une erreur s'est produite. «On est très désolé. Mais on tient à dire que ce genre d'incident est très isolé et rarissime. On est heureux de voir qu'il n'y a pas eu de conséquences fâcheuses. On mène actuellement une enquête, et on va prendre toutes les mesures appropriées pour éviter qu'un tel incident se répète», a dit la porte-parole de la STM, Isabelle Tremblay.

Chaque jour, la STM reçoit 1900 demandes de transport adapté et fait 8000 déplacements.