Depuis l'ouverture du CHSLD Saint-Lambert-sur-le-Golf, au moins deux patients sont morts dans des circonstances douteuses, selon l'Association québécoise de défense des droits des personnes retraitées (AQDR). Le regroupement a demandé mercredi au coroner en chef du Québec de recenser toutes les morts survenues depuis l'ouverture de cet établissement, construit en partenariat public-privé, afin de voir si le taux de mortalité y est supérieur à la moyenne.



«Un tel décompte pourrait révéler des lacunes dans la prestation de services, selon le président de l'AQDR, Louis Plamondon. Depuis l'ouverture du centre, en novembre, au moins deux, voire trois personnes sont mortes de façon obscure. Combien y en a-t-il d'autres?»

L'AQDR demande aussi au coroner d'enquêter sur les circonstances de la mort de William Roy Holgate, le 1er décembre 2010, et de Monique Loiselle Lasnier, le 28 février dernier.

M. Plamondon n'a que très peu de détails sur ces cas, mais il semble que l'un des patients, qui souffrait de problèmes de déglutition, soit mort après s'être fait remettre un plateau de nourriture inadéquate. L'autre personne serait morte d'un fécalome mal diagnostiqué.

Le taux moyen de mortalité dans les CHSLD est de 25% à 30%, selon l'AQDR.

Un établissement dans la controverse

Depuis son ouverture, le CHSLD Saint-Lambert-sur-le-Golf, premier établissement de santé construit en PPP au Québec, soulève de vives critiques. Plusieurs familles ont dénoncé le manque de personnel et les compétences insuffisantes de certains employés.

La mère de Pierrette Martel habite au CHSLD Saint-Lambert-sur-le-Golf. Le 21 juin, elle a souffert d'une violente indigestion et a été transférée à l'hôpital le 29 juin. «L'intervention a été trop lente», estime Mme Martel, qui déplore surtout que le nombre de préposés soit insuffisant.

M. Plamondon martèle que tout aîné «a le droit de recevoir des soins dans un milieu sécuritaire». «Le ministre de la Santé a pris la décision de construire ce centre en PPP. Si l'entente qui est signée est inacceptable, le ministre doit répondre de ses actes», dit-il.

La Coalition Montérégie sans PPP appuie la démarche de l'AQDR et souhaite «que le ministre prenne la pleine mesure de la gravité de la situation et de l'échec du mode PPP dans les soins dispensés aux aînés en perte d'autonomie».

Campagne anti-PPP?

Au cabinet du ministre de la Santé, Yves Bolduc, on souhaite laisser au coroner le temps de faire son travail. «Mais le ministre a fait une visite inopinée récemment au CHSLD. Il a constaté que les lieux étaient adéquats, que les ratios de personnel étaient respectés et que les soins semblaient de qualité», a dit l'attachée de presse du ministre Bolduc, Natasha Joncas Boudreau.

Le propriétaire du CHSLD Saint-Lambert-sur-le-Golf, Eddy Savoie, assure quant à lui que le taux de mortalité dans son établissement est normal. «Les personnes qui viennent ici demandent 3,44 heures de soins par jour et sont en fin de vie. Je vous assure que notre personnel est qualifié et que les gens sont bien soignés. Si nos morts étaient louches, les médecins les déclareraient au coroner», dit M. Savoie, qui se dit victime d'une campagne anti-PPP.