L'Institut national de santé publique du Québec envisage d'introduire une deuxième dose de vaccin contre la varicelle pour tous les enfants âgés de 5 ans. L'organisme étudie la pertinence d'imposer cette deuxième dose de vaccin pour prévenir les «varicelles atténuées», qui touchent des dizaines d'enfants chaque année.

Tous les bébés du Québec reçoivent à l'âge d'un an un vaccin rubéole-rougeole-oreillon-varicelle (RRO-VAR). Ce vaccin est remboursé par la Régie de l'assurance-maladie du Québec (RAMQ). «Quand on vaccine pour la varicelle, la protection est très bonne les premières années. Mais on a pu voir que, quand les années passent, des enfants développent parfois des varicelles atténuées», explique le Dr Gaston De Serres, médecin-épidémiologiste à l'Institut national de santé publique du Québec (INSPQ).

La varicelle traditionnelle cause de la fièvre et entraîne une poussée d'environ 250 à 500 boutons chez les personnes infectées. La varicelle atténuée a quant à elle bien moins d'effets. «Les enfants développent environ 25 boutons et ne font pas de fièvre», résume le Dr De Serres. Même si la maladie est moins virulente, les personnes atteintes de varicelle atténuée sont-elles contagieuses? Difficile de le dire. «Il n'y a pas beaucoup d'études qui ont évalué le degré de contagion de la varicelle atténuée. On peut se douter que le degré est moindre. Mais on n'a pas de preuve», dit le Dr De Serres.

Aux États-Unis, tous les enfants de 5 ans reçoivent une deuxième dose de vaccin contre la varicelle. À la clinique du Sanctuaire à Montréal, les pédiatres recommandent de vacciner les enfants contre la varicelle une deuxième fois, pour environ 150$, vers l'âge de 5 ans. Cette offre est légale. «Une deuxième dose de vaccin contre la varicelle est possible. Mais elle doit être payée par les patients», explique la porte-parole du ministère de la Santé, Nathalie Lévesque.

Pour le Dr De Serres, la varicelle atténuée est un «problème mineur». «Jamais personne ne mourra d'une varicelle atténuée. On s'interroge présentement sur la pertinence de faire une deuxième vaccination contre la varicelle pour prévenir un problème mineur. Le rapport coût-bénéfice vaut-il la peine? Un comité étudie la pertinence du deuxième vaccin contre la varicelle», explique-t-il.

Avant l'introduction du vaccin contre la varicelle en 2006, la maladie causait environ deux décès par an au Québec, et 400 à 500 hospitalisations. «Le vaccin a permis de diminuer les complications graves. Les bénéfices sont grands. Pour la deuxième dose, c'est moins évident. On doit faire des calculs avant de l'implanter dans le calendrier de vaccination», note le Dr De Serres.

Pédiatre-infectiologue au Centre hospitalier de l'Universié Laval (CHUL), la Dre Roseline Thibault estime qu'introduire une deuxième dose de vaccin contre la varicelle peut être pertinent. Mais tout dépend de l'objectif. Selon elle, si le but est d'avoir le moins de cas de varicelle possible en circulation, la deuxième dose peut être pertinente. Mais si l'objectif est de limiter uniquement les cas sévères, la deuxième dose n'est pas nécessairement de mise. «On pense que la première dose a été efficace pour limiter les cas sévères. Il est encore un peu tôt pour le dire. Les prochaines années nous le diront», dit-elle.