Le centre de santé et de services sociaux (CSSS) Lucille-Teasdale, à Montréal, a perdu sa certification d'Agrément Canada. Il a échoué à un test important, obligatoire en vertu de la loi, sur la qualité des services.

Les gestionnaires sont encore sous le choc à la suite de ce verdict, tombé le 27 mai. «On se sent comme des élèves qui avaient beaucoup étudié et qui ont coulé», a dit à La Presse, hier, Renée Ricard, directrice des services psychosociaux, de la réadaptation et des activités connexes.

«C'est sûr que c'est très décevant de ne pas avoir l'agrément. C'est même à la limite d'être démobilisant», a-t-elle ajouté.

Concrètement, le CSSS, déjà aux prises avec un déficit anticipé de 4 millions de dollars pour l'année 2011-2012, se retrouve maintenant sur la sellette. Le ministère de la Santé du Québec et l'Agence de la santé de Montréal lui demanderont de rendre des comptes et de corriger les lacunes notées par Agrément Canada.

Selon la loi, un CSSS a l'obligation être agréé. Il reçoit tous les trois ans la visite de responsables d'Agrément Canada, qui l'évaluent selon des normes liées à la gouvernance, à la gestion et aux soins de longue durée, par exemple.

Agrément Canada s'est rendu au CSSS Lucille-Teasdale du 1er au 5 mai. Il a signifié son «refus d'agrément» dans un rapport daté du 26 mai.

Pour être agréé, un CSSS doit recevoir une note d'au moins 70% pour chacun des critères auxquels Agrément Canada accorde une priorité élevée. Or, le CSSS Lucille-Teasdale a obtenu 50% pour les services en CLSC, 60% pour la prévention des infections, 64% pour les soins à domicile et 68% pour les services en CHSLD, notamment.

Un CSSS doit également respecter toutes les «pratiques organisationnelles» fixées par Agrément Canada. Or, il en manque 25 à Lucille-Teasdale. L'organisme lui reproche par exemple de ne pas avoir de stratégie de prévention des chutes en CHSLD ni de programme d'évaluation du personnel quant au lavage des mains.

«Est-ce que, au moment où on se parle, nos clients sont en danger parce qu'on ne respecte pas toutes les pratiques organisationnelles? Je vous réponds non», a affirmé Renée Ricard. Selon elle, plusieurs lacunes observées par Agrément Canada étaient déjà en voie d'être corrigées avant la visite des inspecteurs. «Il y a peu de choses à mettre en place pour arriver à respecter certains points», a-t-elle dit.

Dans une note interne datée du 7 juin, le directeur général du CSSS, Michel Bouffard, déclare que le refus d'agrément est «une grande surprise». Il affirme qu'Agrément Canada a utilisé une grille d'évaluation «très stricte qui ne rend pas justice au CSSS Lucille-Teasdale». Des sondages réalisés en 2010 auprès de la clientèle des CLSC et des CHSLD du territoire ont donné des résultats supérieurs sinon comparables à la moyenne, fait-il valoir.

Le CSSS a demandé à Agrément Canada un «examen de reprise» à l'automne. Dans le réseau, la certification d'Agrément Canada est un sceau de qualité important. «Si on ne l'a pas, on est gêné, alors on va tout faire pour l'avoir», a dit Renée Ricard. Agrément Canada estime que 3% des établissements de santé du pays échouent à son examen; il n'avait pas la statistique pour le Québec seulement.

Le ministre de la Santé et des Services sociaux, Yves Bolduc, qui a déjà été évaluateur pour Agrément Canada, «prend au sérieux» ce refus d'agrément. «Le CSSS a des corrections à apporter. Mais à ma connaissance, il n'y a pas de déficience majeure à Lucille-Teasdale», a-t-il expliqué à La Presse à la sortie de la réunion hebdomadaire du Conseil des ministres.