Le département de psychiatrie de l'hôpital de Saint-Jérôme est «vétuste, déprimant, non sécuritaire et insalubre». Certains soins ne sont pas offerts aux patients. Le climat de travail y est malsain. Et certains psychiatres y ont des pratiques «individualistes, mal adaptées à l'évolution des connaissances et pratiques en santé mentale».



Le rapport d'enquête du Collège des médecins du Québec et de l'Ordre des infirmières du Québec, dévoilé mercredi, expose les nombreuses failles observées dans le troisième département de psychiatrie en importance au Québec.

C'est à la suite de découvertes troublantes faites en janvier lors d'un examen ministériel de routine qu'une enquête mixte a été ouverte par le Collège des médecins et l'Ordre des infirmières.

Parmi les nombreuses lacunes relevées dans l'enquête, on note que le département de psychiatrie de l'hôpital de Saint-Jérôme présente un ratio infirmière-patient d'un pour sept, comparativement à un pour cinq dans les établissements comparables.

En consultation externe, les délais d'attente atteignent les deux ans «en raison du manque de ressources professionnelles et médicales». Les lieux physiques sont vétustes. Les salles d'isolement ne sont pas climatisées. On trouve de la moisissure dans les douches, note le rapport.

Climat malsain

Le climat de travail est qualifié de «malsain». Les conflits et les fausses rumeurs sont monnaie courante.

Les critiques touchent aussi la qualité des soins. En conférence de presse, la présidente de l'Ordre des infirmières, Ghyslaine Desrosiers, a même qualifié certaines pratiques de «datant presque des années 50».

Toujours selon le rapport, les psychiatres prescrivent des médications qui semblent injustifiées. Par exemple, des antipsychotiques atypiques sont prescrits deux fois par jour plutôt qu'une seule fois comme le veut la norme.

Fait inquiétant, les critiques semblent durer depuis longtemps. «Il est désolant de noter que malgré plusieurs interventions passées tant de la part d'experts, de consultants que des hautes autorités, le manque de suivi rigoureux pour résoudre les problèmes jumelé à un manque de leadership tant organisationnel que médical ont contribué à la situation actuelle qui est désolante», est-il écrit dans le rapport.

Le ministre de la Santé, Yves Bolduc, a réagi en annonçant que le comité de vigie ministériel recommandé dans le rapport sera créé et que des corrections seront apportées rapidement.

L'agence de la santé des Laurentides, le centre de santé et de services sociaux (CSSS) de Saint-Jérôme, des représentants du ministère de la Santé et du protecteur du citoyen siégeront entre autres à cette vigie.

Le CSSS de Saint-Jérôme a aussi annoncé avoir obtenu les subventions nécessaires pour reconstruire le pavillon de psychiatrie.