La fermeture récente de trois résidences privées pour aînés, qui a entraîné le déménagement forcé de centaines de pensionnaires vulnérables, a touché la ministre des Services sociaux, Dominique Vien. À un point tel qu'elle envisage d'imposer des délais et des formalités précises aux établissements privés qui veulent fermer leurs portes.

Dans les derniers jours, trois résidences ont annoncé qu'elles fermaient à quelques semaines d'avis. La semaine dernière, la résidence Monaco, à Montréal, a donné 6 semaines à ses 124 patients, âgés en moyenne de 84 ans, pour se reloger. La résidence Dickson, qui comptait 24 pensionnaires, a fait de même. Hier, le Boisé Saint-Aubert, à Québec, a fermé son service de cafétéria, ce qui oblige les résidants les plus vulnérables à déménager. L'établissement compte 91 locataires.

Au cabinet de la ministre Vien, on précise que ces récentes fermetures sont «un phénomène nouveau». «Avant, il y avait une fermeture tous les six mois, environ, a dit l'attachée de presse de Mme Vien, Louise Quintin. Mais là, on en compte trois en peu de temps. Le taux d'inoccupation des résidences privées est de 8 à 10%. C'est élevé. Il y a eu un boom de construction dans ce secteur au cours des dernières années. Les aînés ont maintenant le choix. C'est la loi du marché, mais cela a des conséquences.»

Dans le cadre des consultations sur le projet de loi 16 sur la certification des résidences privées pour aînés, la ministre Vien veut discuter de la possibilité d'imposer des «standards de fermeture» aux résidences privées.

En attendant, le gouvernement dit suivre la situation de près. À la résidence Monaco, des employés du réseau de la santé sont présents chaque jour pour aider les locataires à se reloger. Jusqu'à maintenant, 88% des résidants ont trouvé un autre logement.

La Commission des droits de la personne est en train d'étudier ce cas. La Régie du logement dit quant à elle n'avoir reçu aucune plainte jusqu'à maintenant. Le président de l'Association québécoise de défense des droits des personnes retraitées, Louis Plamondon, doute que la nouvelle certification protège les aînés d'une éviction abusive. «Le Code civil dit déjà que des délais d'éviction de six mois doivent être respectés. Le Code civil n'est déjà pas respecté dans les cas cités cette semaine. Pourquoi la certification y parviendrait-elle?» ironise-t-il.