Mange-t-on plus souvent dans les restaurants de fast-food quand il y en a plusieurs à 500 mètres de chez soi? Oui, mais seulement si on fait partie des 33% de gens qui répondent le plus fortement aux stimulis présents dans l'environnement.

Voilà une découverte qui sera présentée aujourd'hui à la conférence internationale sur le rôle du cerveau dans l'alimentation et l'obésité de l'Université McGill.

«Il y a une réponse automatique du cerveau à l'exposition aux aliments, qui nous amène à vouloir en consommer», a dit à La Presse Laurette Dubé, directrice de la Plateforme mondiale de McGill pour la Convergence de la santé et de l'économie, coauteure de la recherche parue dans The American Journal of Clinical Nutrition. Mais tous ne sont pas également vulnérables à cette pulsion.

Densité de restaurants et consommation de fast-food

Une cohorte de 400 Montréalais, habitant sept secteurs de recensement de l'île de Montréal, a été étudiée. «On a regardé si la densité de restaurants de fast-food dans un rayon de 500 mètres de leur domicile influençait la probabilité que ces personnes rapportent avoir consommé du fast-food dans la semaine précédant l'enquête», a expliqué Mme Dubé.

La réponse est oui, pour le tiers des gens qui sont les plus sensibles aux récompenses. Ceux qui disent qu'ils font souvent des choses simplement parce qu'elles sont amusantes et qui n'attendent pas avant de faire ce qui leur plaît mangent 49% plus de malbouffe s'ils y sont plus exposés souvent. Pour le reste de la population, l'effet est nul.

Les consommateurs particulièrement influençables sont jeunes, moins instruits, ont des revenus moins élevés et sont plus souvent des femmes. Des programmes de santé publique devraient prioritairement les cibler, suggère l'étude.

Alors qu'un Canadien sur quatre est obèse, donner simplement de l'information sur la nutrition et les conséquences d'une mauvaise alimentation ne suffit plus. «Il y a tout un raffinement à avoir dans les interventions», a indiqué Mme Dubé.

Les nouvelles connaissances sur le rôle du cerveau dans l'alimentation doivent être transmises aux preneurs de décision, qu'ils soient consommateurs, politiciens, travailleurs de la santé ou gens d'affaires -c'est le but de la conférence d'aujourd'hui.

«Il y a tout un effort à faire du côté de l'innovation dans l'industrie agroalimentaire, a souligné Mme Dubé. Il est urgent de produire des aliments moins sucrés, gras et caloriques, en gardant en tête l'importance de la motivation et du goût.»

Des Danino 25% moins sucrés

Bel exemple: Danone a récemment réduit de 25% le sucre dans ses yogourts pour enfants Danino, et lancé de nouveaux produits (Crush et Coolision) moins sucrés. «Les compagnies alimentaires s'en vont dans ce sens-là», a assuré Mme Dubé.

Il reste que la gamme de yogourts pour adultes n'a pas encore changé. «La réduction de sucre est une réelle priorité pour Danone, a assuré hier Anne-Julie Maltais, chef des communications externes de Danone Canada. Cela fait partie de nos paramètres pour rénover ou développer nos yogourts.»