L'ancien ministre de la Santé, Philippe Couillard, admet avoir échoué dans sa tentative de mettre fin à l'engorgement des urgences.

L'ex-politicien-vedette et dauphin pressenti du premier ministre Jean Charest croit aussi que le temps est venu de mettre le réseau de la santé à l'abri des griffes de la partisanerie politique.

Dans une entrevue exclusive accordée à Mario Dumont de l'émission Dumont, à V, M. Couillard convient pour la première fois depuis son retrait de la politique en 2008 qu'il n'est pas parvenu à régler la crise chronique de l'attente dans les urgences.

«L'une des raisons pour lesquelles je suis venu en politique, entre autres, c'est cette question de l'engorgement des salles d'urgence. Force est de constater que malgré d'autres améliorations dans le réseau, cette question demeure largement la même qu'elle était il y a quelques années», laisse tomber M. Couillard pendant l'entrevue qui devait être télédiffusée lundi soir.

Il s'agit d'un constat d'échec pour le neurochirurgien qui avait fait le saut en politique en 2003 pour aider les libéraux à remplir leur promesse «d'éliminer» l'attente dans le réseau de la santé.

Loin de l'Assemblée nationale, M. Couillard dit en être venu à la conclusion ces dernières années que le jeu politique nuit considérablement aux efforts pour améliorer le fonctionnement du système de santé.

Les nécessaires mesures méticuleuses et à long terme ne font pas le poids devant les intérêts à courte vue de la partisanerie, le tape-à-l'oeil et les échéanciers électoraux, estime-t-il.

«Je ne suis pas sûr qu'il est très bon que la politique partisane soit directement impliquée dans la gestion quasi quotidienne du système de santé. J'en suis venu à cette conclusion avec le recul. Non pas que les décisions prises par les partis au pouvoir sont nécessairement mauvaises, mais elles sont toujours, malheureusement, teintées par l'horizon politique», déplore l'ex-ministre.

La décision de confier la gestion du réseau à un organisme public indépendant, imperméable aux pressions politiques partisanes, serait un pas dans la bonne direction, pense M. Couillard.

«Peut-être que gérer (le système de santé) de façon publique et non lucrative, mais de façon distante du jeu politique quotidien, serait un progrès.»

Candidat de prestige lors de la campagne électorale libérale de 2003, le docteur Couillard a occupé l'exigente fonction de ministre de la Santé pendant cinq ans avant de quitter la politique dans la controverse à la fin du mois de juin 2008.

Son étoile a beaucoup pâli lorsque des médias ont rapporté qu'il avait négocié son passage au secteur privé alors qu'il était toujours ministre de la Santé.

Aussitôt après son départ, M. Couillard s'est mis au service du fonds d'investissement en santé Persistence Capital Partners (PCP) et, plus récemment, il s'est joint au cabinet Secor.

Au cours de son entretien avec l'ex-chef de l'ADQ, M. Couillard confirme qu'il en a bel et bien terminé avec la politique active et qu'il entend continuer sa carrière «sous d'autres cieux».

«J'ai fait une contribution à l'appareil d'Etat dont je suis excessivement fier (...) J'ai eu une influence sur le réseau de santé, dans l'ensemble positive, enfin je l'espère. On verra avec les années», explique-t-il.