Le ministre de la Santé, Yves Bolduc, minimise la crise qui touche actuellement les services d'obstétrique et de gynécologie dans la province et promet que les plans d'effectifs médicaux qu'il publiera en février permettront d'assurer des services à toutes les femmes du Québec.

Hier matin, La Presse et Le Devoir ont rapporté les propos du président de l'Association des obstétriciens-gynécologues du Québec, le Dr Robert Sabbah, qui affirme que sa spécialité est en crise. Selon lui, la pénurie de médecins dans son secteur est telle que plusieurs femmes enceintes sont incapables d'obtenir un suivi de grossesse.

Hier après-midi, à Montréal, où il était venu inaugurer le nouveau bloc opératoire de l'Institut de cardiologie, M. Bolduc a affirmé que les femmes qui n'ont pas de suivi de grossesse peuvent communiquer avec leur centre de santé et de services sociaux, qui s'occupera de leur trouver un spécialiste. Le ministre estime que la solution ne se trouve pas uniquement du côté des médecins spécialistes. «Faut-il plus d'obstétriciens? Plus d'omnipraticiens? Plus de sages-femmes? On fait actuellement des études sérieuses pour qu'il y ait des ressources là où on en a besoin», a-t-il déclaré.

Ainsi, les régions de Laval, des Laurentides et de Lanaudière recevront un nombre plus important d'obstétriciens- gynécologues au cours des prochaines années puisque les besoins y sont plus importants. Le Dr Sabbah craint que la région de Montréal, qui traite le plus d'accouchements annuellement, ne soit négligée dans le prochain plan d'effectifs. «Le gouvernement rembourse les traitements de fécondation in vitro depuis l'été dernier. On sait que c'est à Montréal que se feront la plupart de ces suivis et que la hausse du nombre d'accouchements qui en découlera touchera principalement Montréal. Il faut prévoir ça», martèle le Dr Sabbah.

Le ministre Bolduc assure que les ressources médicales seront réparties de façon juste. Selon lui, un «jeu de lobby» se déroule actuellement chez les médecins, et certaines spécialités essaient d'être favorisées. «Moi mon rôle, c'est d'être équitable», dit-il.

Croissance continue

Le président de l'Agence de la santé et des services sociaux de Montréal, David Levine, soutient qu'il faut augmenter le nombre d'obstétriciens dans sa région, mais aussi ouvrir plus de lits dans les services d'obstétrique et s'assurer que les ressources sont bien distribuées. M. Levine explique que, depuis cinq ans, le nombre d'accouchements ne cesse d'augmenter dans la métropole et qu'on ne prévoit atteindre le sommet de cette hausse qu'en 2016. Puisque Montréal reçoit la majorité des accouchements complexes du Québec et sert une population importante, il faudra s'assurer de tout mettre en oeuvre pour assurer un service optimal.

La Fédération des médecins omnipraticiens du Québec (FMOQ) rappelle quant à elle que 40% des accouchements sont réalisés par des médecins de famille et qu'il manque actuellement 235 omnipraticiens dans la métropole. «Si on était assez nombreux, on pourrait faire plus de suivis de grossesse», affirme le vice-président de la FMOQ et président des omnipraticiens de Montréal, le Dr Marc-André Asselin.

Dans une lettre ouverte, la présidente du Regroupement Les Sages-femmes du Québec, Claudia Faille, a annoncé que 20 nouvelles sages-femmes obtiendront leur baccalauréat au printemps, mais qu'elles ne pourront pratiquer leur profession «étant donné la lenteur du développement des maisons de naissance au Québec».

Selon Mme Faille, le développement de la pratique de sage-femme permettrait d'atténuer la crise. Le Dr Sabbah reconnaît que les omnipraticiens et les sages-femmes peuvent faciliter l'accès aux suivis. «Mais il ne faut pas oublier qu'environ 60% des accouchements sont encore faits par des spécialistes.»