Le torchon brûle entre les médecins spécialistes et les omnipraticiens. Dans une pleine page de publicité parue dans les journaux samedi, la Fédération des médecins spécialistes du Québec accuse la Fédération des médecins omnipraticiens du Québec de diviser la communauté médicale, ce dont se défend le président de la FMOQ, le Dr Louis Godin.



Le président de la Fédération des médecins spécialistes du Québec (FMSQ), le Dr Gaétan Barrette, n'accepte pas de voir sa fédération impliquée dans les négociations entre la Fédération des médecins omnipraticiens du Québec (FMOQ) et le gouvernement du Québec. Pour justifier le rejet de l'offre gouvernementale déposée la semaine dernière, la FMOQ a comparé le salaire de ses membres à ceux des médecins spécialistes. Affirmant être sous-payés, les omnipraticiens disent gagner jusqu'à 57% de moins que leurs confrères spécialistes.



Les médecins demandaient que l'écart de leur rémunération avec celle des spécialistes soit réduit de 20%. Le gouvernement leur a plutôt offert une augmentation de 4,5% en cinq ans, une offre que la FMOQ a qualifiée de «méprisante». Selon une lettre envoyée par la FMOQ à ses membres, et dont La Presse faisait état mercredi dernier, le gouvernement calcule que les omnipraticiens devraient gagner 40% de moins que les spécialistes les moins bien payés au Québec, soit les pédiatres, les gériatres et les psychiatres.



Le Dr Barrette estime que la stratégie de la FMOQ mine le climat de travail sur le terrain. Il dit avoir publié cette lettre pour rectifier l'information véhiculée dans les médias. «C'est faux de dire que les médecins spécialistes sont passés à la caisse en 2007 (lors de l'entente conclue entre les médecins spécialistes et le gouvernement du Québec), martèle-t-il. Les spécialistes n'ont pas eu de traitements de faveur. Nous n'avons pas eu d'augmentations supérieures aux omnipraticiens.» Il ajoute qu'une clause-remorque a permis aux omnipraticiens de bénéficier du même rattrapage salarial que les spécialistes. Ce rattrapage visait à rétablir l'équilibre entre le salaire des médecins québécois et ceux du reste du Canada.



Le président de la FMSQ accuse également la FMOQ de dénigrer le travail des spécialistes. Le président de la FMOQ, le Dr Louis Godin, se défend. «Il n'a jamais été question de dénigrer le travail des spécialistes, soutient-il. Nous avons des relations professionnelles avec eux au quotidien. Ce sont nos principaux partenaires. On comprend vraiment mal cette sortie du Dr Barrette ce matin (samedi).»



Ce dernier estime qu'une réduction de l'écart salarial entre les médecins omnipraticiens et les spécialistes est nécessaire pour revaloriser la médecine de famille et attirer davantage de candidats. «Tout le monde est d'accord pour dire que la médecine familiale au Québec doit être la priorité», affirme-t-il.

Le Dr Gaétan Barrette croit qu'il n'y a pas de pénurie de médecins de famille au Québec. Selon lui, une meilleure organisation du travail, laquelle passe notamment par l'informatisation des dossiers médicaux, permettrait aux médecins de suivre davantage de patients, ce qui règlerait les problèmes d'accès à un médecin de famille.



Le Dr Godin réplique que ce ne sera pas suffisant. «Ce n'est effectivement pas juste une question de rémunération, souligne-t-il. On le dit depuis le début. Mais, on ne peut pas, juste avec l'organisation, multiplier le nombre de médecins de famille par deux. On aurait des gains à court terme, mais à long terme, il faut rendre la médecine familiale attrayante.»