Le plan d'action du gouvernement sur la chirurgie bariatrique a fait exploser le nombre de gens en attente d'une intervention au Québec. À l'heure actuelle, la liste d'attente compte environ 6000 personnes, comparativement à 4800 en 2009, selon la Coalition contre l'obésité morbide.ide.

En point de presse, hier matin, la Coalition a dénoncé le manque de transparence du ministre de la Santé, Yves Bolduc, quant à la situation réelle. Selon une vérification réalisée par la Coalition auprès des cliniques qui offrent la chirurgie bariatrique, le temps moyen d'attente est d'environ deux ans et demi et peut aller jusqu'à sept ans.

Au Québec, il y aurait environ 300 000 personnes souffrant d'obésité morbide. Au printemps 2009, le gouvernement a annoncé qu'il entendait faire passer le nombre d'interventions, de 840 qu'il a été cette année-là, à 1500 en 2010, à 2250 en 2011 et 3000 en 2012.

«Même si le nombre d'opérations augmente, les délais sont les mêmes parce qu'il y a plus de gens sur les listes, a expliqué Jennifer Schultz, cofondatrice de la Coalition. Il y a de l'exaspération chez les gens souffrant d'obésité morbide. Ces délais représentent plus que des chiffres, ils ont un impact sur la santé et sur la qualité de vie.»

En conséquence, la Coalition demande au ministre Bolduc de publier le nombre de personnes inscrites sur des listes d'attente. Et à l'instar des chirurgies prioritaires comme celles du genou ou de la hanche, on réclame que les délais d'attente soient dévoilés sur le site du ministère de la Santé. La Coalition demande enfin un registre pour suivre les patients, comme c'est le cas en Ontario.

Occupé par des réunions de travail, hier, le ministre de la Santé n'a pas été en mesure de faire lui-même le point sur la situation. Son attachée de presse, Karine Rivard, a toutefois expliqué qu'il travaille à la mise en place d'un système pour dévoiler les listes d'attente sur le site internet du Ministère. Quant au registre, ajoute-t-elle, il est toujours dans les plans, au même titre qu'un registre pour le cancer.

«En octobre dernier, on a annoncé la somme de 2,6 millions pour ouvrir une nouvelle salle de chirurgie bariatrique à l'Hôpital Lachine, un centre d'excellence désigné, comme celui de Québec. Cette salle permettra de procéder à davantage d'interventions. Chaque année, 22,3 millions sont investis dans le programme. Ce que je peux vous dire, c'est que tout ce qui est inscrit dans le plan a été réalisé ou est en voie de l'être», a précisé Mme Rivard.

Aucun spécialiste de la chirurgie bariatrique, ni du CHUM (Hôtel-Dieu) ni du CUSM (Royal-Victoria), n'a été en mesure de commenter la sortie de la Coalition, hier. Le Dr Nicolas V. Christou, l'un des seuls au Québec à se consacrer entièrement à ce type de chirurgie, a déjà déploré le fait que l'attente peut aller jusqu'à 10 ans pour les adolescents souffrant d'obésité morbide.

Afin de pouvoir répondre à ses patients en attente - environ un millier -, le Dr Christou pratique également en cabinet privé. La chirurgie bariatrique est perçue par plusieurs comme la seule solution au problème métabolique de l'obésité morbide.