Même si un Québécois sur quatre n'a pas de médecin de famille, il n'y a jamais eu autant de médecins actifs dans la province et dans le reste du Canada.

Des médecins qui n'ont par ailleurs jamais été aussi bien payés pour prodiguer des soins, révèle un rapport de l'Institut canadien d'information sur la santé (ICIS), dont les données sont dévoilées cet après-midi.

En 2009, environ 68 100 médecins actifs pratiquaient au Canada, soit près de 2700 médecins de plus que l'année dernière. Il s'agit de la plus grande augmentation annuelle enregistrée depuis 20 ans, une augmentation de 4,1% qui est près de trois fois plus importante que le taux d'augmentation de la population canadienne, de 1,2%.

Au Québec, les données sont encore plus éloquentes : le nombre de médecins actifs a doublé en 30 ans, passant de 10 053, en 1979, à un nombre record de 20 034, en 2010. Quant à la rémunération à l'acte des médecins, elle a fait un bond de 9,6% en dix ans à travers le Canada, et la hausse la plus élevée est enregistrée au Québec, avec une augmentation des salaires bruts de 13,4%.

Malgré cette hausse fulgurante, les médecins du Québec demeurent les moins bien payés au pays. Alors que la moyenne canadienne des paiements bruts moyens facturés à l'acte par les omnipraticiens était de 235 420$ en 2009, le salaire pour les médecins de famille du Québec était de 196 338$ (équivalent à temps plein). Quant aux spécialistes, la moyenne canadienne était de 323 004$, comparativement à 267 000$ durant la même période, au Québec.

Féminisation de la pratique

Érik Bourdon, analyste principal à l'ICIS, explique que l'Institut ne s'est pas penché sur les causes du manque d'accès à un médecins au Québec, mais il note que les jeunes pratiquent différemment. «Les jeunes médecins veulent un équilibre entre le travail et la famille, dit-il. On observe que les médecins travaillaient autrefois 55 heures par semaine. Aujourd'hui, ils font des semaines d'environ 40 heures.»

Autre phénomène intéressant, la profession se féminise et encore une fois, le Québec se démarque à ce chapitre. En 2009, plus de 1 médecin actif sur 3 (36%) était une femme au Canada, alors qu'au Québec la proportion de femmes médecins représente 41% de la profession. «Et ça va augmenter, précise M Bourdon, puisque 64% de nos étudiants dans les facultés de médecine au Québec sont des femmes.»

Enfin, contrairement à la croyance populaire, les médecins ne sont pas si nombreux que ça à quitter le pays pour pratiquer ailleurs. Selon les dernières données de l'ICIS, 203 médecins canadiens sont partis travailler à l'étranger en 2009, pour 295 qui sont rentrés au Canada. Au Québec, 35 ont quitté, mais 45 médecins sont revenus de l'étranger.

Ces données sont précieuses pour les gouvernements  provinciaux qui s'en servent pour tracer des comparatifs et projeter leurs besoins en effectifs médicaux. Au Québec, alors que les médecins de famille réclament un écart moins grand de leur salaire avec les spécialistes, les données risquent de servir de levier de négociations.