Afin de contrer le VIH et l'hépatite C, qui se répandent de façon alarmante au centre-ville, l'agence de santé et des services sociaux de Montréal entame des études de faisabilité pour ouvrir des centres d'injection supervisée. En point de presse jeudi matin, l'Agence a rendu public son Rapport 2010 sur les infections transmissibles sexuellement et par le sang, lequel démontre que la situation se détériore sans cesse.

Le Dr Richard Lessard, directeur de la santé publique à Montréal, a expliqué que les deux maladies touchent surtout les gens qui utilisent des drogues par injection et les homosexuels masculins. En conséquence, des efforts supplémentaires seront consentis pour les joindre sur le terrain.

Selon le rapport, 68% des personnes qui s'injectent des drogues à Montréal sont porteuses de l'hépatite C, et le quart d'entre elles l'ignorent. Quant aux homosexuels, 18% sont atteints du virus du VIH et 26% d'entre eux l'ignorent. À cela, il faut ajouter les cas de syphilis, dénombrés par centaines alors qu'il n'y en avait que quelques-uns il y a 10 ans.

«Les études au sujet des centres d'injection supervisée ont été concluantes en Australie et en Suisse, estime le Dr Lessard. Les centres font en sorte qu'il y a moins d'échange de seringues dans l'environnement. Il y a aussi un impact positif sur la prévention des infections. On va donc commencer des études de faisabilité.»

Cette annonce survient presque en même temps que celle du groupe Cactus, qui a manifesté plus tôt cette semaine son intention d'ouvrir un centre d'injection supervisée au centre-ville de Montréal, en juin 2011. La Cour suprême a d'ailleurs été saisie de la légalité d'un lieu similaire à Vancouver, où la progression des maladies transmissibles sexuellement et par le sang est également alarmante.

L'agence de la santé de Montréal a aussi expliqué que 1 million de seringues sont distribuées chaque année, mais qu'il en faudrait 15 millions pour réduire la transmission de maladies par le sang. Le Dr Pierre Côté, médecin à l'unité VIH-Toxicomanie de l'hôpital Saint-Luc (CHUM), a pour sa part soutenu qu'il faut impérativement recruter des médecins pour traiter les patients atteints de l'hépatite C, «une clientèle difficile», a-t-il admis.

«On a de la difficulté à recruter de jeunes médecins pour cette clientèle, affirme Dr Côté. Il faudrait que le gouvernement priorise ce type de soins quand il décide de la répartition de ses nouveaux médecins. Notre objectif est de parvenir à doubler le nombre de traitement auprès des gens atteints de l'hépatite C.»