Une étude ontarienne laisse entendre que malgré la loi québécoise interdisant la publicité destinée aux enfants, les enfants québécois verraient autant de publicité alimentaire que les enfants ontariens, mais ils verraient moins de messages les visant directement et les techniques de marketing seraient différentes.

L'étude, réalisée par Monique Potvin Kent, Lise Dubois et Alissa Wanless, de l'Institut de la santé de la population de l'Université d'Ottawa, s'est penchée sur le marketing alimentaire à la télévision pour les enfants.

Entre autres, l'étude remarque que l'interdiction de la publicité destinée aux enfants de moins de 13 ans, au Québec, ne semble pas avoir réduit le nombre de minutes de publicité alimentaire qu'ils voient en bout de ligne.

Cela s'explique surtout par le fait que les enfants voient des messages sur des friandises ou des boissons, mais ces messages ne leur sont pas spécifiquement destinés. Or, la loi québécoise stipule que «nul ne peut faire de la publicité à but commercial destinée à des personnes de moins de 13 ans».

Cette publicité alimentaire peut aussi prendre d'autres formes ou utiliser d'autres techniques de marketing, comme le placement de produits, la commandite, les concours ou la collection de figurines ou d'objets.

«Ce que cette étude-là nous montre, c'est que la loi a un impact sur le contenu des publicités plutôt que sur le nombre de publicités. L'étude prouve qu'autant les enfants ontariens que les enfants québécois voient le même nombre de publicités, mais que de ces publicités-là, il y en a moins qui les visent directement», a résumé en entrevue Amélie Desrosiers, agente de communications à la Coalition québécoise sur la problématique du poids.

La recherche soulève aussi le fait que la loi québécoise est basée sur un système de plaintes et ne fait pas un suivi systématique des émissions pour enfants ou des chaînes de télévision qui s'adressent à eux.

Malgré tout, l'étude conclut qu'une réglementation du marketing alimentaire destiné aux enfants, comme il en existe au Québec, demeure «un choix valable» et contribuerait à améliorer la situation.

La Coalition sur la problématique du poids continue de croire en l'utilité de la loi québécoise, mais elle plaide pour qu'elle soit adaptée aux nouvelles réalités, comme les nouvelles formes de marketing.

«Elle doit être modernisée. On voit qu'il y a quand même une amélioration au niveau du contenu des publicités, mais là, il faut élargir les heures d'écoute, pour que ça tienne vraiment compte de la réalité d'aujourd'hui. La loi a été créée en 1980; il n'y avait pas des chaînes pour les enfants à ce moment-là. Il y avait une ou deux émissions le matin et en fin de journée avant le souper. La loi doit s'adapter à ça et doit aussi s'adapter aux autres formes de marketing, comme la publicité qui ne serait pas nécessairement destinée aux enfants, mais à laquelle ils sont quand même exposés», a plaidé Mme Desrosiers.

Aux fins de la recherche, 645 jeunes de 10 à 12 ans ont été sollicités dans 18 écoles des deux provinces. Finalement, 428 jeunes y ont participé activement et leur écoute télévisuelle a été suivie.