Après un mois de bras de fer avec les sociétés pharmaceutiques, le gouvernement Charest a cédé et est revenu sur son engagement de ramener le prix des médicaments génériques à 25% du prix des médicaments brevetés.

Dans une directive rendue publique hier, le Conseil du médicament indique que, d'ici au mois d'avril 2011, Québec paiera jusqu'à 37% du prix de l'innovateur pour un médicament générique. Pour les 12 mois suivants, le taux sera de 30% et, à compter du mois d'avril 2012, de 25%, la cible fixée par l'Ontario, qui avait obtenu des rabais importants des fabricants de médicaments génériques cette année.

À la fin du mois de juin, le ministre Bolduc avait indiqué que cette cible serait atteinte immédiatement. Il avait même prédit des économies de 164 millions de dollars pour le Trésor québécois.

Le système ontarien mal compris

Or, son engagement venait d'une connaissance approximative du système ontarien. Depuis le 1er juillet dernier, Toronto paie 25% du prix pour un générique dans le cadre du programme public d'assurance. Mais pour les assurances privées, le tarif est de 50% jusqu'en 2011. Il passera à 35% d'avril 2011 à avril 2012, puis à 25% pour les régimes public comme privé à compter de 2013.

La semaine dernière, avare de détails, le ministre Bolduc avait indiqué que le régime québécois serait «aussi avantageux» que celui de l'Ontario.

Au Québec, les deux régimes, à peu près d'égale importance, paient le même pourcentage - le chiffre de 37% reflète la moyenne entre les régimes public et privé ontariens. Dès l'annonce du ministre Bolduc, à la fin juin, les fabricants de médicaments génériques avaient martelé qu'avec cette balise de 25%, le Québec paierait en fait moins cher que l'Ontario.

Indemniser les pharmaciens

En outre, l'Ontario a prévu en même temps une enveloppe d'une centaine de millions pour indemniser les pharmaciens qui perdront des ristournes des pharmaceutiques à cause de la baisse de prix. On prévoit dans l'industrie que Québec devra en tenir compte dans ses négociations d'honoraires avec les pharmaciens, le printemps prochain.

Les économies de cette mesure sont difficiles à estimer. Karine Rivard, l'attachée de presse du ministre Bolduc, a avoué hier qu'elle ne savait pas comment la cible de 164 millions allait être atteinte. Au surplus, le ministre Bolduc avait lancé son chiffre avant un événement important sur le marché: Lipitor, un des médicaments d'origine les plus prescrits (pour contrer le cholestérol) n'est plus protégé depuis l'été, une économie considérable pour les fonds publics.