Élus et administrateurs de la santé gèrent la lutte contre le cancer, dans cette province, comme une auberge espagnole. Sauf quand ils sont directement touchés par le cancer. Quand le crabe les chatouille, eux ou leurs proches, là, il faut agir. Et vite!

Ce n'est pas moi qui le dis. Ce sont deux soldats qui, au front, se battent à leur façon contre le cancer au Québec. Pierre Audet-Lapointe, oncologue à la retraite, administrateur de la Fondation québécoise du cancer, et le Dr Philippe Sauthier, onco-gynécologue au CHUM, m'ont dit la même chose, lors d'entrevues séparées.

Le Dr Audet-Lapointe, parlant des administrateurs du réseau de la santé et des hôpitaux qui, selon lui, acceptent des délais d'attente acceptables selon des critères budgétaire mais inacceptables selon des critères humains et oncologiques: «C'est drôle, quand c'est eux qui sont frappés par le cancer, quand c'est leur femme, quand c'est leur maîtresse, là, ils ne veulent pas attendre. Ils veulent un traitement immédiat.»

J'ai demandé au Dr Audet-Lapointe s'il utilisait là une figure de style. Ou s'il évoquait un cas vécu. Réponse: «Un cas vécu.»

Philippe Sauthier: «Ce que j'ai vécu, c'est que quand le politicien est atteint, quand son proche est atteint, il veut un traitement immédiatement.»

Autrement dit, si vous avez un cancer, vaut mieux être épouse de député. Vaut mieux être blonde d'un administrateur du CHUM. Vaut mieux ne pas être N.V. ou Jacqueline Vaillant.