Les infirmières, qui n'ont toujours pas renouvelé leur contrat de travail avec le gouvernement, ont fait une démonstration de force, mardi, présentant une pétition de 124 000 noms et étant épaulées par de nombreux organismes.

En fait, 607 organismes provenant de la santé, des groupes communautaires et du milieu syndical ont accordé leur appui publiquement à la cause des infirmières.

Parmi ces groupes, on retrouve les deux fédérations de médecins, en plus de la Fédération des femmes du Québec. On trouve même des syndicats d'infirmières de l'Ontario, du Nouveau-Brunswick, de Nouvelle-Écosse, du Manitoba, de Terre-Neuve.

«Cent vingt-quatre mille personnes ont pris le temps de vous appuyer. C'est là un appui très significatif. On peut dire au gouvernement de ne pas s'inquiéter d'investir dans les ressources humaines du système de la santé, c'est sûr que s'il fait cet investissement-là, il ne se trompera pas», a lancé le docteur Louis Godin, président de la Fédération des médecins omnipraticiens.

«Il y a moyen de faire en sorte que nous puissions ensemble coordonner nos efforts et mettre en place les incitatifs, les conditions nécessaires pour que cette profession-là redevienne attirante, soit rémunérée correctement et, au bout de la ligne, qu'on puisse ensemble vous offrir les meilleurs services possibles. Nous sans elles et elles sans nous, nous ne pouvons pas vous donner les services en quantité et en qualité requises pour qu'on puisse vous soigner et vous maintenir en santé», a plaidé pour sa part le docteur Gaëtan Barrette, président de la Fédération des médecins spécialistes.

«On privatise les CHSLD (centre d'hébergement et de soins de longue durée); on retourne aux femmes les soins à domicile par le biais des proches aidantes; on introduit une taxe à la santé. Les agences de placement et les conditions de travail des professionnelles en soins, c'est aussi une manière d'effriter le système de santé public et d'amener une privatisation», a protesté de son côté la présidente de la Fédération des femmes du Québec, Alexa Conradi.

«La lutte de la FIQ est une lutte des femmes», a-t-elle ajouté.

La présidente de la Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec (FIQ), Régine Laurent, qui représente 58 000 membres, a «bon espoir» que la négociation qui recommence ces jours-ci avec le gouvernement du Québec produise enfin ses fruits.

Les autres syndicats du secteur public et parapublic ont pour la plupart conclu une entente avec le gouvernement pour renouveler leur contrat de travail.

Le principal point en litige pour les syndicats d'infirmières est l'aménagement du travail de façon à maintenir en poste les infirmières dans des emplois stables et à attirer la relève. Pour ce faire, elles veulent notamment ramener dans le réseau public les infirmières qui sont passées aux agences privées.

Mme Laurent s'est montrée optimiste. «On vit un changement de ton depuis que madame (Michelle) Courchesne est présidente du Conseil du Trésor. On le sent à la table de négociation. L'atmosphère est bonne; les échanges se font de façon très cordiale. C'est beaucoup plus un réel processus de négociation et d'échanges que ce que nous avions malheureusement connu il y a quelques mois.»

Pour l'instant, deux journées par semaine de négociations sont prévues, mais, le cas échéant, le rythme pourra être accéléré, a fait savoir Mme Laurent.