La Fédération des médecins omnipraticiens du Québec (FMOQ) est en faveur de la décriminalisation de l'euthanasie, mais seulement dans des «circonstances exceptionnelles» et pour une personne qui y consent de «façon explicite et répétée».

C'est la position qu'a présentée son président, le Dr Louis Godin, mardi à la Commission sur le droit de mourir dans la dignité, de passage à Québec.

La FMOQ s'oppose au suicide assisté et demande qu'on encadre étroitement l'euthanasie pour qu'elle reste «rarissime».

Le Dr Godin souhaite recentrer le débat vers les soins palliatifs et les soins de fin de vie. «La priorité ne devrait pas être de donner accès à l'euthanasie, soutient-il. Si on négligeait les soins palliatifs ou les soins en fin de vie parce que l'euthanasie était disponible, ce serait le pire scénario. Il faut continuer à investir dans ces soins. Après, il restera quelques patients qui envisageront l'euthanasie. Il faudra alors les respecter.»

La Politique en soins palliatifs de fin de vie a été adoptée en 2004. Le Dr Godin déplore le manque de résultats à ce jour.

Quant au débat sur la décriminalisation de l'euthanasie, il reste pour l'instant théorique. Le Code criminel assimile l'euthanasie et le suicide assisté à des meurtres. Or, le Code relève du fédéral et le gouvernement Harper refuse de le modifier.

Le Dr François Desbiens, possible successeur du Dr Lamontagne à la tête du Collège des médecins, a déjà recommandé à Québec de renoncer à intenter des poursuites dans certains cas d'euthanasie ou de suicide assisté. La Colombie-Britannique agit déjà ainsi. La FMOQ a «des réserves» face à cette option. «Pour nous, ce serait vraiment un plan B», indique le Dr Godin.

Un sondage de la FMOQ révèle que trois omnipraticiens sur quatre veulent que l'euthanasie soit acceptée et encadrée légalement au Québec.

Certains y restent toutefois farouchement opposés. La FMOQ refuse d'ailleurs qu'on oblige un médecin récalcitrant à pratiquer une euthanasie.

L'Ordre des infirmières et infirmiers du Québec (OIIQ) a aussi présenté un mémoire mardi. Il n'est «pas en faveur» de la légalisation de l'euthanasie ou du suicide assisté. «Ce serait prématuré», croit sa présidente Gyslaine Desrosiers. Elle craint les «risques importants de dérives». L'OIIQ souhaite que Québec consacre ses énergies à améliorer les soins palliatifs et de fin de vie.