N'ayant reçu aucune étude d'impact sur la transformation de l'ancien hôpital chinois en centre d'hébergement pour Inuits, les élus de Villeray-Saint-Michel-Parc-Extension étaient en voie de prolonger un moratoire sur le projet, mardi soir. Et ce, malgré de vives protestations de certains citoyens.

Un regroupement de citoyens et de groupes communautaires a déposé une pétition de 654 signatures au conseil d'arrondissement, demandant à la mairesse Anie Samson de donner son feu vert au projet.

Mais cela n'a pas empêché Mme Samson de présenter un avis de motion qui modifie le zonage pour donner une vocation résidentielle à l'ancien hôpital désaffecté. Il ne s'agit pas d'un changement de zonage définitif, mais l'adoption du règlement permet de prolonger le gel de tout nouveau développement institutionnel dans le bâtiment pour quatre mois.

«Il n'a jamais été question de refuser des soins de santé à une communauté, a affirmé Mme Samson. Dans ce dossier, le problème, c'est qu'il n'y a pas de dossier. On nous demande de donner un permis à quelque chose qui n'existe pas.»

Lors d'une rencontre en juin, le grand patron de l'Agence de santé et des services sociaux de Montréal, David Levine, s'est engagé à déposé une série d'études d'impacts sociaux, économiques, culturels et de circulation aux autorités d'arrondissement. Mais aucune étude n'a encore été entreprise, a indiqué mardi la porte-parole de l'organisme, Geneviève Bettez.

Entre-temps, plusieurs citoyens du quartier se sont mobilisés en faveur de la construction du centre d'hébergement. Mardi soir, ils ont dénoncé l'adoption de l'avis de motion par l'arrondissement.

«C'est un signal qui est vraiment négatif envers les personnes inuits, envers les communautés du Nord et les citoyens le jugent très inapproprié», a dénoncé Geneviève Beaudet, qui a déposé la pétition au conseil.

«Les gens du Nord ont peur de venir à Villeray», a ajouté Joseph Flowers, dont certains parents du Nunavik ont été transportés à Montréal pour recevoir des soins de santé.

Les citoyens du Grand Nord du Québec sont transportés par avion jusqu'à Montréal pour y recevoir certains soins de santé de pointe. Arrivés ici, ils sont logés dans l'un des sept centres d'hébergement administrés par l'Agence de santé et des services sociaux du Nunavik. L'organisme souhaite regrouper ces centres et les déménager dans l'ancien hôpital chinois, rue Saint-Denis, dans le quartier Villeray.

Le projet a provoqué une levée de boucliers dans le secteur. La mairesse Anie Samson a d'abord exprimé des réserves sur l'arrivée soudaine de 125 Inuits dans son arrondissement. Certains citoyens ont poussé la contestation plus loin, distribuant des pamphlets mettant la population en garde contre une hausse de la criminalité.