Le Québec s'est tellement démarqué dans sa lutte contre la pandémie A (H1N1) que ses experts sont devenus consultants pour les nouveaux programmes à l'Organisation mondiale de la santé (OMS). Contrairement au reste du Canada, la province est appuyée depuis 20 ans par des scientifiques qui étudient l'immunisation et qui guident le gouvernement dans ses décisions.

«Par exemple, on a décidé avant même la première vague de la pandémie qu'on ne ferait pas de vaccination saisonnière, explique le Dr Michel Dionne, de l'Institut national de santé publique (INSPQ). Le virus saisonnier ne circulait pas en Amérique du Nord, alors on s'est dit qu'il ne fallait pas gaspiller nos énergies auprès de la population à vouloir la vacciner. Dans le reste du pays, les autorités sont restées sur le pilote automatique et n'ont pas remis en question la vaccination saisonnière.»

Les experts du comité ont aussi déterminé, à la lumière de données sur les enfants en Europe, qu'une seule dose du vaccin était suffisante - contrairement à ce que l'on a décidé ailleurs au Canada.

«Nous sommes certains que nos enfants ont été bien protégés, lance le Dr Dionne. Au début, les responsables de chaque province se réunissaient pour discuter. C'était pas mal l'Agence de santé canadienne qui donnait les directives. Mais nous avons décidé de travailler avec notre comité.»

Le Dr Dionne ajoute que si les cas dénombrés de A (H1N1) au Québec ont été plus nombreux c'est en grande partie parce que les tests de dépistage ont été plus nombreux. Tous les laboratoires des hôpitaux universitaires ont été mis à contribution, et le gouvernement avait demandé aux médecins de tester toutes les personnes hospitalisées qui avaient des problèmes respiratoires.

Actuellement, les chercheurs de l'INSPQ mènent des travaux notamment sur les enfants qui ont été vaccinés, afin de savoir si leur réponse immunitaire est aussi bonne que celle des enfants non vaccinés. «Nous sommes restés préoccupés, admet le Dr Dionne. On veut connaître la réponse immunitaire des gens qui ont été vaccinés l'an dernier. On fait aussi des recherches cliniques auprès des gens qui ont eu la grippe l'an dernier. Les gens souffrant d'anémie semblent plus à risque.»

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Un rapport attendu

L'Organisation mondiale de la santé attend toujours un rapport indépendant d'experts visant à déterminer si les géants pharmaceutiques ont joué un rôle dans la gestion de la crise A (H1N1). La transparence des données scientifiques est aussi remise en question. La Dre Margaret Chan, directrice générale de l'OMS, a jusqu'ici vivement démenti ces allégations.