Les patients canadiens peuvent maintenant s'appuyer sur une charte pour obtenir des soins de qualité dans un délai raisonnable. L'Association médicale canadienne (AMC) est parvenue à obtenir un consensus de ses médecins, lundi, à son congrès national, sur l'importance de ramener le patient au centre du réseau de la santé.

Cette charte, qui n'a pas force de loi, établit une vingtaine de grands principes sur lesquels un patient peut s'appuyer pour se faire soigner. Elle confère aussi des responsabilités aux malades, comme de prendre soin de leur santé et de participer activement aux décisions portant sur leurs soins et les consignes de leur médecin, notamment en ce à trait aux médicaments.

«On pourrait dire qu'il s'agit d'un manifeste, précise Dr Robert Ouellet, président sortant de l'AMC. C'est un idéal pour dire à quoi le patient doit s'attendre, à quoi il a droit. Cette charte est intégrée dans notre projet de vision du système de santé, qui insiste sur le service. Il s'agit du premier pilier du projet.»

L'AMC a déjà entrepris des discussions avec le gouvernement fédéral dans l'espoir d'ouvrir un débat pancanadien sur les moyens de répondre aux besoins en santé à court, moyen et long terme. Un sondage réalisé pour l'AMC, dévoilé lundi, qui révèle que les Canadiens s'attendent à devoir faire des sacrifices pour payer les soins médicaux des baby-boomers (le «tsunami gris», selon l'AMC), est venu donner plus de poids aux revendications de l'Association.

En réaction au sondage, la ministre responsable des aînés au Québec, Marguerite Blais, a pour sa part déclaré qu'il vaudrait mieux parler de «luminosité grise» lorsqu'on parle des baby-boomers qui atteignent 65 ans cette année. Ils bénéficient selon elle d'une espérance de vie jusqu'ici inégalée, dans «d'excellentes conditions» de santé.

«Il faut développer les soins de santé à domicile, a-t-elle expliqué. Notre gouvernement a annoncé 200 millions pour les proches aidants. Onze millions en trois ans sont prévus pour les personnes âgées dans les organismes communautaires. Je pense que le ministre Bolduc est ouvert à un débat, je suis prête moi aussi à l'ouvrir, mais en parlant de luminosité grise.»

Le défi s'annonce toutefois de taille puisque la ministre de la santé du Canada, Leona Aglukkaq, n'a pas trouvé le temps d'assister au congrès de l'AMC. Elle et le premier ministre Stephen Harper sont retenus dans le Grand Nord, a-t-on expliqué.

«C'est un gros problème, a déploré la chef de file de la défense des patients au Canada et directrice de l'Institut de recherche et d'éducation sur l'anémie, Durhane Wong-Wieger. D'un point de vue patient, c'est très inquiétant. Il faut un débat sur la santé au pays, et pas seulement sur le plan des investissements. Le patient doit revenir au centre de notre réseau de santé.»

«Leur absence nous déçoit, a ajouté le Dr Ouellet, président sortant de l'AMC. Mais le dialogue se poursuit. Ce qu'il est important de comprendre, c'est qu'il ne faut pas attendre 10 ans avant d'agir pour faire face aux besoins en santé des baby-boomers.»