D'ici huit ans, le réseau hospitalier québécois pourra enfin bénéficier des services de 500 infirmières praticiennes spécialisées en première ligne, dont le gouvernement promet l'embauche depuis au moins 10 ans. Le ministre de la Santé, Yves Bolduc, a annoncé mercredi que 117 millions de dollars seront injectés dès cette année pour accélérer la formation et l'embauche de ces professionnelles.

La loi permet depuis 2002 l'embauche d'infirmières praticiennes spécialisées (IPS) au Québec, mais seulement 25 travaillent actuellement en première ligne. Une quarantaine d'autres travaillent en cardiologie, en néonatalogie et en néphrologie.

Après une formation de deux ans en maîtrise, les infirmières praticiennes peuvent notamment prescrire des médicaments et poser des diagnostics simples.

Parce que les établissements n'avaient aucun budget supplémentaire pour engager ces spécialistes, les infirmières peinaient à obtenir une promesse d'embauche. Or, sans promesse d'embauche, elles ne pouvaient bénéficier de la bourse du gouvernement pour poursuivre leurs études.

Le ministre Bolduc a décidé de mettre fin à ce cercle vicieux en finançant la création de postes d'IPS de première ligne. «C'est une des meilleures nouvelles des 10 dernières années, a déclaré la présidente de l'Ordre des infirmières et infirmiers du Québec (OIIQ), Ghyslaine Desrosiers. On se donne enfin les moyens nécessaires pour aider la première ligne.»

Québec souhaite que 500 IPS travaillent en première ligne d'ici huit ans. L'Ontario compte déjà 1250 de ces spécialistes.

Le président de la Fédération des médecins omnipraticiens du Québec (FMOQ), le Dr Louis Godin, se réjouit de l'arrivée des IPS. Il croit même qu'il en faudrait plus de 500 puisque 25% des Québécois n'ont pas de médecin de famille. «Les infirmières praticiennes peuvent prendre en charge les patients stables et ça nous laisse plus de temps pour les cas plus complexes.»

Seule ombre au tableau, les infirmières praticiennes spécialisées en néphrologie, en néonatalogie et en cardiologie ne seront pas touchées par l'annonce de mercredi. Les hôpitaux ne recevront pas plus de budget pour faciliter leur embauche.

Stéphanie Béchard, qui se spécialise actuellement en cardiologie, est incapable d'obtenir une promesse d'embauche et ne peut donc recevoir de bourse d'études. Elle est un peu déçue de l'annonce de mercredi, même si elle reconnaît qu'il était «plus pressant» de régler le problème des soins de première ligne.