Les médecins des grandes villes canadiennes sont beaucoup moins enclins que ceux des régions rurales à accepter de nouveaux patients. Dans les zones urbaines, seulement un médecin sur cinq se dit prêt à le faire. En milieu rural, c'est deux fois plus.

Si les médecins sont diplômés à l'étranger, qu'ils pratiquent en ville ou en région, ils hésitent beaucoup moins à accepter un nouveau patient, même s'ils sont débordés. C'est ce que révèle une enquête de l'Institut canadien d'information sur la santé (ICIS), dont les résultats ont été dévoilés aujourd'hui.

Afin de parvenir à cette conclusion, l'ICIS a sondé des médecins de famille partout au Canada, de 2004 à 2007. L'Institut s'est concentré sur un sous-groupe de 6411 médecins de famille pondéré selon l'âge, le sexe, la province et l'année d'obtention de leur diplôme. De ce nombre, 17,3% des omnipraticiens diplômés à l'étranger pratiquaient en milieu urbain et  25,3% étaient en milieu rural.

Dans l'ensemble, 62% des médecins en milieu rural diplômés à l'étranger ont dit qu'ils n'hésiteraient pas à accepter de nouveaux patients; c'est le cas de seulement 27% des médecins ruraux formés au Canada. Dans les grandes villes, l'écart est moins marqué: 27% des médecins diplômés à l'étranger et 16% des médecins canadiens se sont dits ouverts à l'idée.

«Le phénomène s'explique, affirme Erik Bourdon, analyste principal à l'ICIS. Plusieurs provinces accordent des permis de pratique provisoires aux médecins de l'étranger, qui doivent aller en région. Ils ont donc une nouvelle pratique et acceptent de nouveaux patients. Il faut aussi noter que les médecins en région sont souvent seuls, connus des patients, dans des petits milieux où l'accès aux services est difficile. Ils ressentent donc une obligation.»

Différences hommes-femmes

Le rapport de l'ICIS montre aussi une nette différence entre les femmes et les hommes. En milieu urbain, 20,4% des hommes acceptent des nouveaux patients contre seulement 13,4% des femmes. On observe la même tendance en milieu rural, avec des pourcentages de 38,2% et 30,8% respectivement.

«Ces données confirment que les femmes ont des enfants et qu'elles doivent consacrer du temps à la maison», explique M. Bourdon.

L'Institut s'est enfin penché sur l'incidence des groupes de médecine familiale, voués à prendre de l'expansion dans plusieurs provinces, dont le Québec. À ce chapitre, on constate que 38,3% des médecins ruraux membre d'un tel groupe acceptent de nouveaux patients, par rapport à 25,3% des médecins en pratique individuelle. En ville, cette proportion est respectivement de 18,2 et 15,8%.