«À l'intérieur, la chaleur est effrayante. Et dehors, ce n'est pas mieux», désespère Jean-Guy Gosselin devant l'hôpital de réadaptation Villa Medica, rue Sherbrooke Est.

Il y a deux semaines, le sexagénaire a subi un quadruple pontage. «Ça fait 10 minutes que je suis dehors et j'ai déjà de la difficulté à respirer. Je vais bientôt rentrer. Je suis chanceux, ma chambre se trouve à l'étage des grands brûlés, qui est climatisé.»

Les jours de très grande chaleur, les personnes âgées sont particulièrement à risque. Y compris celles qui vivent dans les CHSLD puisqu'ils ne sont climatisés qu'en partie.

La petite salle de séjour du CHSLD Émilie-Gamelin ne l'est pas mais, grâce aux épais murs de pierre, la température reste tolérable. «C'est pas si pire», a assuré un octogénaire avant d'interrompre la conversation. «On joue aux cartes, monsieur. Merci.»

Toutes les chambres du centre sont équipées d'un ventilateur, mais pas forcément d'un climatiseur. «Il faut payer un supplément», indique Diane Bournival, adjointe administrative.

À Émilie-Gamelin, chaque aile possède au moins une pièce climatisée, et le centre accorde exceptionnellement à ses employés une pause de 15 minutes toutes les heures.

Devant le CHSLD Jean-De La Lande, au coin de la rue Rachel et de l'avenue Papineau, Roger Labbé découvrait hier que l'air était non seulement chaud, mais aussi pollué. «Avec le bruit et la pollution, c'est pas idéal», dit l'ex-camionneur en grillant une cigarette.

Hier midi, le béton semblait fumer devant la Résidence Iberville, en bordure de l'autoroute 40. Quelques aînés s'étaient réfugiés dans le demi-sous-sol, légèrement climatisé. «Même avec deux ventilateurs, il fait 33° dans ma chambre», s'est plaint l'un d'eux. «C'est surtout pour les gens qui ont un problème de coeur que c'est plus difficile», a expliqué sa voisine, ancienne technicienne de laboratoire. Son secret pour rester au frais: la caisse de 24 bouteilles d'eau en solde à 3,99$.

Hôpitaux climatisés en partie

La chaleur accable aussi particulièrement les jeunes enfants. Heureusement, certains des jeunes patients de l'hôpital Sainte-Justine profitent de l'air conditionné. «En fait, l'hôpital est climatisé à 49%», précise Stéphane Daraîche, directeur adjoint aux services techniques. «On croise les doigts pour que rien ne brise, avoue M. Daraîche. Notre équipement est sollicité au maximum, ça crée une demande importante.»

Les trois hôpitaux du CHUM sont aussi partiellement climatisés. «Par exemple, les unités de soins intensifs, les blocs opératoires et les urgences ont l'air conditionné», indique Lucie Dufresne, porte-parole du CHUM. La proportion d'aires climatisées pourrait difficilement augmenter, ajoute-t-elle. «Les systèmes électriques ne pourraient pas supporter une plus grande charge. Par exemple, des portions de l'Hôtel-Dieu datent d'environ 150 ans, et certaines de Notre-Dame datent de 100 ans. Cela limite les possibilités d'ampérage.»