Bien que le G8 ait accepté de dégager 5 milliards $ pour la santé maternelle et infantile, l'initiative présentée par le Canada lors du sommet de Hunstville en est toujours à un stade embryonnaire.

Plusieurs questions devront être réglées avant que les pays ne puissent commencer à contribuer en vue de respecter les engagements pris dans le cadre de l'initiative de Muskoka. Celle-ci vise à sauver les vies de 1,3 million d'enfants de moins de cinq ans et celles de 64 000 mères.

À ce jour, il est difficile de savoir comment ces objectifs humanitaires seront atteints, et encore moins s'ils le seront adéquatement.

En principe, les donateurs se sont engagés à y consacrer de l'argent neuf, qui doit être coordonné et ciblé afin de pallier directement les problèmes criants vécus par les femmes et les enfants de pays pauvres.

Toutefois, les engagements pris par chaque pays n'ont toujours pas été rendus publics. Impossible, pour le moment, de déterminer si l'argent débloqué sera puisé à même des budgets d'aide déjà existants ou s'il s'agira d'argent neuf.

La coordination du financement est également floue, chaque pays étant libre de décider s'il fera don des sommes amassées via ses programmes d'aide bilatérale, ses institutions multilatérales, ou à des organisations non gouvernementales.

De son côté, le Canada a promis de bonifier de 1,1 milliard $ un fonds d'aide déjà existant de 1,75 milliard $ destiné à garantir des grossesses sécuritaires et de l'aide alimentaire aux femmes de pays à haut risque. Ces sommes d'argent, réparties sur une période de cinq ans, seront allouées à des États déjà ciblés par le gouvernement canadien, dont Haïti, l'Afghanistan, le Mali, la Tanzanie et le Mozambique.

Au départ, le Canada espérait présenter un fonds d'aide totalisant 10 milliards $ à l'issue du sommet de Huntsville, selon certaines sources. Les objectifs ont été revus à la baisse, les pays du G8 ayant invoqué la pauvreté post-récession pour expliquer leur contribution plus modeste à l'initiative de Muskoka. Le fait qu'Ottawa ait envisagé d'obliger les pays à rendre des comptes a pu avoir un effet dissuasif.

En marge du sommet, le Canada a sollicité plusieurs organisations et gouvernements extérieurs au G8, ce qui lui a permis d'ajouter 2,3 milliards $ au pactole de 5 milliards $ du G8. La plus importante partie de cette somme a été donnée par la fondation de Bill et Melinda Gates.

Le porte-parole de Stephen Harper, Dimitri Soudas, assure que le premier ministre se sent personnellement responsable de ce dossier et qu'il continuera à s'en faire le champion.