Les gens frappés par un infarctus aigu du myocarde peuvent espérer être traités plus rapidement grâce à un nouveau protocole d'intervention. Les ambulanciers paramédicaux d'Urgences-santé de Montréal et de Laval sont maintenant munis d'un électrocardiographe grâce auquel ils peuvent diagnostiquer un infarctus et évaluer sa gravité durant ou même avant le transport à l'hôpital.

Grâce à une entente particulière, les ambulanciers conduisent immédiatement les personnes atteintes à la Cité-de-la-Santé, à Laval. Là, une équipe de médecins spécialistes et de professionnels est prête, 24 heures sur 24, à procéder au déblocage de l'artère coronarienne en salle d'hémodynamie. Depuis janvier dernier, 25 patients ont bénéficié de ce dépistage précoce de l'infarctus aigu.

 

Mme Doris Demers est l'une des patients qui ont pu déjouer la mort. Elle venait tout juste de finir de souper en compagnie de ses deux filles quand elle s'est effondrée sur le plancher de sa salle de bains. Son mari a composé le 911. Elle ne se souvient pas de grand-chose à part de la douleur qui lui a scié les jambes, mais aujourd'hui elle est radieuse. Il ne s'est écoulé que 39 minutes entre l'arrivée des ambulanciers à son domicile et l'intervention par laquelle on a débloqué son artère à l'aide d'un cathéter ballon.

«L'infarctus du myocarde est une maladie qui tue, rappelle le chef du service de cardiologie du CSSS de Laval, le Dr Richard Essiambre. C'est un caillot qui obstrue l'artère. Une faible majorité des patients arrivent à se rendre à l'hôpital parce qu'ils confondent leurs symptômes - souvent des sueurs et des nausées - avec ceux d'une indigestion.»

Dans le jargon du milieu de la cardiologie, on parle du délai door-to-balloon pour illustrer l'importance d'agir rapidement entre le moment où survient l'infarctus et celui où l'on débloque l'artère. Le Dr Essiambre et le Dr François Gobeil, qui a soigné Mme Demers, expliquent que chaque fois qu'on gagne 15 minutes, on réduit de 1% le risque de mortalité.

«Un délai normal de traitement de l'infarctus du myocarde est égal ou inférieur à 90 minutes, précise le Dr Gobeil. On a enregistré un délai moyen de 47 minutes auprès des patients qui ont bénéficié d'un électrocardiogramme depuis janvier dernier. Et on a même un cas qui a été traité en moins de 13 minutes.»

Forte de ces résultats, Urgences-santé espère conclure un protocole du même genre avec les 13 hôpitaux pourvus d'une salle d'hémodynamie. Dans la grande région métropolitaine, tous les ambulanciers paramédicaux ont reçu la formation pour se servir de l'électrocardiographe et administrer, au besoin, de la nitro ou des aspirines.

«Avant, on transportait les malades dans les hôpitaux les plus proches, explique Francis Polan, directeur adjoint de la logistique opérationnelle d'Urgences-santé. Cela entraînait parfois un transfert dans un autre hôpital, donc des délais supplémentaires. Avec les électrocardiographes, on fonctionne comme pour les traumatismes, en dirigeant les patients vers les bons établissements.»

En plus de pouvoir diagnostiquer les infarctus, les paramédicaux peuvent administrer des médicaments pour l'asthme et le diabète ainsi que de l'épinéphrine en cas d'allergie grave. Des ententes sont par ailleurs sur le point d'être conclues pour leur permettre d'administrer des médicaments en cas d'intoxication à la morphine ou à certaines drogues ou en cas de convulsions.

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LES RÉSULTATS DU PROTOCOLE AVEC LES AMBULANCIERS

La Cité-de-la-Santé, à Laval, enregistre une réduction de 46% des délais totaux dans les traitements. Depuis le 18 janvier dernier, on estime que 100% des patients pris en charge sous le protocole IPIM (Identification préhospitalière de l'infarctus du myocarde) ont été traités dans les délais prescrits, soit en 90 minutes et moins.