Une première entente vient d'être signée entre le gouvernement et les 108 000 employés de la santé affiliés à la CSN. Ces syndiqués, qui représentent 40% des effectifs en santé, ont obtenus plusieurs gains dont une hausse considérable des primes pour les employés qui travaillent dans les départements de soins critiques, comme l'urgence et les soins intensifs.

«Pour la première fois de l'histoire, ces primes subissent une hausse considérable de 8% à 10%», se réjouit la présidente de la Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS-CSN), Francine Lévesque. Par exemple, une infirmière recevait auparavant seulement 3$ de prime par jour pour travailler aux soins intensifs. «Maintenant, elle recevra environ 25$. Et ce ne sont plus juste les infirmières des soins intensifs qui auront cette prime, mais bien tous les employés des soins critiques», résume Mme Lévesque.

Selon elle, cet incitatif financier aidera à recruter et conserver une main-d'oeuvre qualifiée dans ces secteurs de soins critiques et à ainsi réduire le temps supplémentaire obligatoire.

La FSSS représente 7000 infirmières à travers la province ainsi que des préposés aux bénéficiaires, des techniciens, des employés de bureau et des préposés à l'entretien.

Parmi les autres victoires, la FSSS se réjouit d'avoir obtenu 5 millions pour les travailleurs qui oeuvrent dans le Grand Nord. «Actuellement, 30% des postes sont vacants. Et 60% du personnel ne reste pas plus d'un an. Avec cette somme, on va pouvoir offrir des primes entre 14 000 $ et 17 000 $ par année et améliorer la rétention», résume le vice-président des techniciens et des professionnels de la FSSS, Laurier Goulet.

Plusieurs comités de travail seront aussi créés, dont un pour trouver des mesures afin de réduire le recours à la main-d'oeuvre indépendante et diminuer le temps supplémentaire. Un autre comité de travail identifiera aussi les difficultés vécues par les employés des Centres d'hébergement pour aînés, qui doivent composer avec une clientèle de plus en plus lourde. Mme Lévesque reconnaît qu'elle aurait préféré trouver immédiatement des solutions pour certains de ces éléments. «Mais en même temps, cinq millions de dollars sont rattachés à chacun de ces comités de travail. Donc on va trouver des solutions», dit-elle.

Depuis le début des négociations, le secteur de la santé semblait loin d'une entente avec Québec. Mme Lévesque témoigne qu'au cours des derniers jours, elle a senti une ouverture sans précédent de la part du gouvernement. «Il y avait une volonté de trouver des solutions», dit-elle.

La FSSS consultera ses membres sur cette entente de principes au cours des prochains mois. Les négociations sur les conditions salariales, qui sont menées par le Front commun, se poursuivront pendant ce temps.

Une entente «historique», selon Bolduc

À Québec, le ministre de la Santé et des Services sociaux, Yves Bolduc, a qualifié l'entente avec la CSN d'«historique». «C'est une victoire et pour la CSN et pour le gouvernement», a-t-il affirmé.Selon lui, cette entente permettra une «meilleure rétention et une meilleure attraction du personnel infirmier». Elle diminuera le recours aux agences privées et le temps supplémentaire, a-t-il ajouté.

L'entente avec la CSN pourra servir de «modèle sur lequel on pourrait s'appuyer pour peut-être faire avancer plus rapidement nos ententes avec la FIQ» (Fédération interprofessionnelle de la santé), l'autre syndicat qui représente les infirmières. Le ministre veut entreprendre «un blitz de négociation».

De son côté, la présidente du Conseil du trésor, Monique Gagnon-Tremblay, a indiqué que le gouvernement analyse toujours la contre-proposition de la FIQ. «Je dois vous dire que nous nous entendons assez bien quant au fond. Il s'agit au niveau de la forme cependant, je pense qu'on doit revenir et travailler, parce qu'il y a un certain écart au niveau financier. Mais, moi, je pense que, s'il y a de la bonne volonté, on est capables de s'entendre tout comme on l'a fait avec la CSN», a-t-elle affirmé.

Jusqu'à maintenant, Québec a conclu 10 ententes de principe qui visent 53% des syndiqués représentés par le front commun. Toutes ces ententes sont conditionnelles à la conclusion d'un accord à la table centrale, où se négocie les salaires. Les syndicats demandent une hausse de 11,25% en trois ans (3 milliards de dollars). L'offre du gouvernement Charest prévoit des augmentations salariales de 5% en cinq ans, ce qui équivaut à 1,6 milliards de dollars. Mais jusqu'à 2% - et non plus 1,5% - pourrait s'ajouter si la croissance économique est plus élevée que celle prévue par le gouvernement.

Monique Gagnon-Tremblay tient à conclure une entente globale négociée avec ses employés d'ici la fin juin.