La pénurie de pharmaciens d'établissement de santé se situe à un sommet historique pour une seconde année, au Québec, déplore l'association qui les représente.

Les pharmaciens d'établissement sont ceux qui oeuvrent dans les hôpitaux pour préparer la médication et les traitements pour les malades, notamment la chimiothérapie.

Chaque année, leur association consulte les départements de pharmacie des hôpitaux pour vérifier l'état des effectifs.

Or, au 1er avril dernier, il manquait au moins 235 pharmaciens dans les 107 départements sur 126 qui ont participé à l'enquête. Il s'agit d'une pénurie d'environ 20 pour cent, a calculé l'Association des pharmaciens des établissements de santé du Québec.

«C'est un problème qui perdure depuis une dizaine d'années. Et cette année, on constate qu'on a atteint un sommet historique, qui se maintient depuis deux ans, où il nous manque à peu près 230 pharmaciens dans le réseau», a déploré en entrevue la directrice générale de l'association, Linda Vaillant.

L'association affirme même que la pénurie de ces pharmaciens d'établissement est plus aiguë encore que la pénurie d'infirmières, toutes proportions gardées.

«Je pense que le principal enjeu, c'est vraiment le problème de relève. On reste avec un problème où les jeunes ne sont pas attirés par le réseau de la santé. Et probablement qu'au coeur de ça, c'est le problème d'écart salarial avec nos collègues du secteur privé», avance Mme Vaillant.

Rémunération inférieure

Les pharmaciens d'établissement de santé sont moins bien rémunérés que les pharmaciens salariés des pharmacies privées, bien que leur formation universitaire suppose deux années d'études de plus pour obtenir une maîtrise en pharmacie d'hôpital.

Pourtant, leur rémunération est inférieure de 30% en début de carrière et de 20% au sommet de l'échelle salariale, soit après six ans de pratique, rapporte l'association. «Ça peut aller jusqu'à 20 000$ ou 25 000$ de moins annuellement», se plaint Mme Vaillant.

Toutes les régions du Québec sont touchées par la pénurie, mais certaines plus que d'autres. Il en est ainsi de la Côte-Nord (37%), des Laurentides (29%), de l'Abitibi-Témiscamingue (27%), de la Mauricie-Centre du Québec (25%), du Bas Saint-Laurent (25%).

Mme Vaillant ne croit pas que ses membres doivent recourir à des moyens de pression pour être entendus du ministère de la Santé et des Services sociaux. «La situation actuelle fait pression en elle-même», juge-t-elle.

À ce jour, il n'y a pas eu de rupture de service parce que les pharmaciens d'établissement se sont aidés les uns les autres. Ainsi, 55% des départements de pharmacie ont eu recours à des pharmaciens dépanneurs au cours de l'année qui a précédé l'enquête, et ce pour 9887 jours.