Les urgences sont un milieu «hostile aux aînés», selon la directrice des programmes de formation à l'Institut universitaire de gériatrie de Montréal (IUGM), la Dre Marie-Jeanne Kergoat. Alors que 45% des lits des hôpitaux sont occupés par des personnes âgées, le secteur de la santé doit adapter ses interventions, selon la gériatre. À la demande de Québec, la Dre Kergoat et son équipe ont conçu un document qui expose les meilleurs moyens de prendre soin de cette clientèle.

«Ce document circule déjà dans les établissements. Il faut apprendre à mieux traiter les aînés. Car après 24 heures passées alité, un être humain perd de 5% à 10% de sa masse musculaire. Pour un aîné, les pertes sont immenses», illustre le ministre de la Santé, Yves Bolduc.

 

Travaux de plusieurs millions

Le ministre était de passage hier à Montréal pour lancer les travaux d'agrandissement de l'Institut de recherche de l'IUGM. L'investissement de 11,4 millions permettra l'ajout de plusieurs locaux.

Selon M. Bolduc, l'IUGM est «un leader au Québec pour la promotion et la recherche pour les personnes âgées». Alors que le vieillissement de la population s'accélère, l'Institut sera appelé à jouer un rôle important.

Favoriser le mouvement

Le cadre de référence préparé par l'Institut, qui circule actuellement dans les établissements, doit aider les intervenants à mieux prendre en charge les aînés. «On explique qu'il faut principalement veiller à prévenir le délirium et lutter contre l'immobilisme», résume la Dre Kergoat.

«Actuellement, une personne âgée qui entre à l'hôpital pour un infarctus, on la soigne seulement pour ça. Mais rapidement, elle ne marche plus... La spirale commence. Mais tout ça pourrait être évité, croit la Dre Kergoat. Aucune maladie ne se guérit par l'immobilisme. Pour un aîné, rester sans bouger est dangereux. Il faut favoriser le mouvement.»

Par exemple, les urgences pourraient être dotées de chaises. Au lieu de passer des heures sur des civières, les aînés pourraient s'asseoir, ce qui leur serait bénéfique.

La directrice des services professionnels à l'IUGM, Céline Crowe, ajoute que plusieurs autres moyens pourraient être pris pour lutter contre la confusion qui s'installe chez les aînés hospitalisés. «Il n'y a pas d'horloge dans les chambres. Pour aider les aînés à se retrouver dans le temps, on peut les saluer en disant: «Bonjour, Mme Tremblay. On est le samedi 23 juin aujourd'hui. Il est 8h. Comment allez-vous?»»

Il est aussi primordial d'indiquer au dossier les limitations des patients. «Imaginez une patiente myope et un peu sourde à qui on enlève sa prothèse auditive et ses lunettes et qu'on couche dans un lit. C'est sûr qu'elle sera rapidement perdue!» relate Mme Crowe.

La Dre Kergoat ajoute qu'une personne âgée hospitalisée est comme un escargot sans coquille: «vulnérable». «Il faut s'en occuper de la bonne façon», dit-elle.