Le gouvernement du Québec a déposé hier soir un cadre de règlement global en vue de l'adoption de la prochaine convention collective de 242 000 travailleurs du secteur de la santé et des services sociaux. Une offre que deux des syndicats qui les représentent jugent insuffisante.

Le cadre de règlement s'articule principalement autour de la question de l'organisation du travail. Il comprend notamment une bonification de 4% à 6% des primes pour les travailleurs qui se rendent disponibles le soir, la nuit et dans le secteur des soins critiques, ainsi que des primes pour favoriser les horaires de rotation. Il serait également possible d'obtenir un horaire de travail plus flexible. À titre d'exemple, les infirmières pourraient choisir de faire leur semaine de travail en trois journées de douze heures ou en quatre journées de neuf heures.

«Nous sommes optimistes que ce cadre de règlement va nous mener à une entente», a affirmé le président du Comité patronal de négociation du secteur de la santé et des services sociaux, Michel Delamarre, quelques minutes après le dépôt officiel de l'offre. «Nous sommes conscients qu'il existe un écart important entre notre position et les demandes syndicales qui se chiffrent à 1,7 milliard. Dans le contexte économique actuel, on peut qualifier ce cadre de constructif et réaliste.»

En visant la réorganisation du travail, M. Delamarre explique que les institutions parviendront à réduire les heures supplémentaires obligatoires et le recours aux agences privées de placement infirmier. Le gouvernement souhaite également améliorer la rétention du personnel et le recrutement.

«Rien de nouveau»

Selon la Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec (FIQ) - qui représente 58 000 membres - et la Centrale des syndicats du Québec (CSQ) - qui représente 9000 membres -, il n'y a «rien de nouveau» dans l'offre déposée hier.

Régine Laurent, présidente de la FIQ, qui représente principalement des infirmières, a même qualifié le gouvernement d'«irresponsable».

«On va continuer d'étudier plus longuement la proposition, mais avec ce qu'il vient de déposer, il semble que le gouvernement veut nous amener sur le terrain de l'affrontement. Il n'y a que des reculs dans cette offre, pas de mesures structurantes, rien de nouveau. En disant qu'il veut diminuer les heures supplémentaires obligatoires, il sous-entend que ça va continuer et nous, on ne peut plus continuer.»

«C'est très décevant», a ajouté la première vice-présidente de la CSQ, Louise Chabot. «Il n'y a rien de neuf ou de significatif qui a été déposé. On cherche désespérément le message qu'on doit comprendre du gouvernement.»

Les travailleurs du secteur de la santé sont sans contrat de travail depuis près de deux mois. L'offre de règlement d'hier touche notamment les infirmières, les employés des CLSC, les physiothérapeutes, les ergothérapeutes, les travailleurs sociaux et les intervenants en toxicomanie.