Le cinquième des infirmières au Québec fait la très grande majorité des heures supplémentaires effectuées dans les hôpitaux. Et la très grande majorité des infirmières québécoises font moins de deux heures par semaine d'heures sup.

C'est ce qui se dégage des statistiques colligées par le ministère de la Santé dans cette période de négociations avec le Front commun. L'obligation de faire des heures supplémentaires revient continuellement dans les doléances syndicales. Or, quand on observe des statistiques de plus près, on découvre des réalités surprenantes.

Par exemple, 653 des 45 000 infirmières du Québec font plus de 500 heures supplémentaires par semaine - plus de 10 heures par semaine en moyenne en 2008-2009, confirmait hier à La Presse Karine Rivard, attachée de presse du ministre Yves Bolduc. C'est grosso modo 1,3% des infirmières qui effectue 14% de toutes les heures supplémentaires.

Selon les chiffres du Ministère, dans les hôpitaux, de toutes les heures travaillées, 5,3% représentent des heures supplémentaires. Selon d'autres données publiées par l'Association québécoise des établissements de santé, les heures supplémentaires ont augmenté de 12% depuis un an dans les hôpitaux.

Des 45 000 infirmières, 80% font moins de 100 heures supplémentaires par année. C'est 21% des effectifs, 10 400 personnes qui se partagent plus de 70% des heures sup... essentiellement des infirmières affectées aux soins intensifs ou aux urgences.

Attente en augmentation

En commission parlementaire sur les crédits de la Santé, le critique péquiste Bernard Drainville a relevé que, jamais depuis 2003, le temps d'attente sur civière aux urgences n'avait été aussi long. En 2005-2006, on attendait 15,3 heures en moyenne sur une civière en urgence. Cette attente a augmenté continuellement jusqu'à 17,6 heures l'an dernier.

Le nombre de séjours a aussi grimpé, de 180 000 à 221 000. Pour les 24 heures et plus, on est passé d'une moyenne de 41 heures à presque 44 heures d'attente.

«Or, M. Bolduc se décrivait précisément comme un spécialiste pour désengorger les urgences... cela est pire qu'à son arrivée, pire qu'à l'arrivée des libéraux au pouvoir», lance le péquiste.

M. Drainville relève aussi que les coûts pour les infirmières venues du privé ont augmenté de 20%. Même pour d'autres corps professionnels, par exemple des préposés aux cadres, le recours à l'externe augmente, de 4,5%. «Les chiffres du gouvernement démontrent qu'on a de plus en plus recours au privé dans la santé», résume-t-il.

Des étudiants mobiles

Finalement, en regardant le parcours des étudiants en médecine de McGill, on constate que 45% des finissants ont quitté le Québec dans les deux années qui suivent l'obtention de leur diplôme. À 600 000 $ de formation par médecin, c'est un déficit important pour Québec, relève le député Drainville.

En réplique, Yves Bolduc a souligné que McGill recevait beaucoup d'étudiants de l'extérieur et qu'il était prévisible qu'ils soient davantage mobiles.

«Vous voulez faire une frontière autour du Québec, c'est la position de votre parti !» a lancé le ministre Bolduc.