Mardi dernier, Michel White s'est envolé vers la Norvège. Le cardiologue de l'Institut de cardiologie de Montréal accompagne un pompier ontarien qui a récemment reçu une greffe du coeur pour une expédition de 12 jours dans l'Arctique russe.

«Nous allons faire de 10 à 12 heures de ski par jour avec nos traîneaux, à des températures de -20 à -25ºC avant le facteur éolien, a expliqué le Dr White avant son départ. Heureusement, une autre expédition est partie avant nous, alors nous aurons une idée des portions les plus accidentées du parcours. Il n'y a pas de terre sous la glace, alors il y a des icebergs.»

 

Ce n'est pas la première fois que le cardiologue montréalais s'associe à une expédition avec des greffés. Depuis 2003, il a grimpé quatre sommets, dont le mont Blanc, toujours avec des greffés du coeur. Il a notamment établi le record du monde d'altitude - 6120m - pour un greffé du coeur en Bolivie en 2004 avec un greffé québécois, Sylvain Bédard.

«C'était au départ l'idée de Sylvain Bédard, dit le Dr White, qui a 51 ans. C'était un de mes patients, il m'a invité à escalader le mont Blanc en 2003. Je suis retourné en Bolivie avec lui. Mais cette fois-ci, il n'a pas pu nous accompagner: il a des problèmes d'artères. Cette fois, dans l'Arctique, ce sera la première fois qu'un greffé arrive à la latitude 90. Et des explorateurs polaires, il n'y en a pas une tonne.»

Ce type d'aventure témoigne de l'avancée des techniques médicales. «On prévient beaucoup mieux les complications postopératoires, dit le Dr White. Nous avons de meilleurs agents contre le rejet et contre le durcissement des artères. On peut mieux individualiser les traitements antirejet, ils sont plus fonctionnels et mènent moins à des cancers.» Les cancers sont liés à l'affaiblissement du système immunitaire, nécessaire pour éliminer les rejets. Quatre greffés sur dix contractent un cancer après la greffe, en général un cancer de la peau. Entre le tiers et la moitié des greffés ont un problème de durcissement des artères dans les cinq ans suivant la greffe.

Cette fois-ci, le Dr White part avec une cardiologue ontarienne, Heather Ross, qu'il a connue lors de rencontres nationales, et l'un de ses patients. «Heather m'avait déjà invité à une expédition en Antarctique en 2006 et sur l'Annapurna en 2008, mais je n'ai pas pu y aller. Les deux fois, Heather a dû rebrousser chemin à cause du mal de l'altitude, et son patient l'a accompagnée. Sur l'Annapurna, il lui a même sauvé la vie. Ça m'est aussi arrivé de rebrousser chemin, au Népal en 2006, à cause d'un risque d'avalanches.»

Pour suivre la progression du Dr White: www.tgwhf.ca/sites/testyourlimits/index.asp