Alors que le réseau de la santé est en crise, le directeur national des urgences, le Dr Pierre Savard, quitte ses fonctions, a appris La Presse. Le cabinet du ministre de la Santé, Yves Bolduc, reste discret sur les raisons de ce départ et indique simplement que le Dr Savard souhaite «retourner à la pratique médicale».

Pour coordonner les stratégies visant à décongestionner les urgences, le gouvernement de Jean Charest a créé une direction nationale en juin 2008. Nommé à la tête de cette direction, le Dr Savard avait pour mission de réduire les durées de séjour et l'attente aux urgences.

En plus de diriger ce groupe, le Dr Savard, rattaché au Centre hospitalier universitaire de Québec (CHUQ) depuis le début des années 80, a continué d'y travailler environ 12 heures par semaine.

Son départ survient à un bien mauvais moment. Comme La Presse en a fait état la semaine dernière, les urgences sont plus surchargées que jamais depuis quelques semaines, surtout à Montréal.

Le gouvernement Charest, qui avait promis de régler ce problème à son arrivée au pouvoir en 2003, peine à y parvenir. Dans les derniers jours, la direction nationale des urgences a accentué sa présence dans les hôpitaux montréalais.

C'est donc dans ce contexte que le Dr Savard quitte ses fonctions. «Le contrat du Dr Savard arrivait à échéance le 31 mars. Il nous a signifié qu'il ne souhaitait pas renouveler son contrat», a expliqué l'attachée de presse du ministre Bolduc, Karine Rivard.

Deux sources généralement bien informées soutiennent que le Dr Savard ne s'entendait plus avec le sous-ministre adjoint, Michel A. Bureau.

Le Dr Daniel Lefrançois, urgentologue depuis 1981 à l'hôpital Pierre-Boucher, à Longueuil, et directeur médical des services préhospitaliers d'urgence au ministère de la Santé, assurera l'intérim.

Le Dr Savard aura occupé ses fonctions sous le signe de la discrétion. L'an dernier, il avait ciblé une dizaines d'hôpitaux du Québec où les résultats des urgences laissaient à désirer. Avec le ministre Bolduc, il avait visité ces établissements pour tenter de redresser la situation.

Un seul incident est venu mettre le Dr Savard sur la sellette. En janvier 2009, il avait déclaré que le gouvernement Charest réussirait à éliminer l'attente de plus de 48 heures dans les urgences pour 2010. Le lendemain, le ministre Bolduc avait pris ses distances face à cet engagement et avait reconnu l'impossibilité d'y arriver.