Même si 25% des patients en attente d'une opération cardiaque à Montréal ne se font pas opérer dans les délais, que les statistiques aux urgences ne sont pas plus reluisantes qu'il y a cinq ans et que la pénurie d'infirmières aux soins intensifs cause encore bien des maux de tête aux hôpitaux de la métropole, le ministre de la Santé, Yves Bolduc, estime que les Québécois peuvent avoir confiance dans leur système de santé.

Après deux jours de mutisme, le ministre Bolduc s'est adressé aux médias, hier, afin de rassurer la population. Au cours des derniers jours, La Presse a rapporté l'histoire de Jean-Guy Pitre, résidant de Venise-en-Québec qui est mort alors qu'il attendait depuis plus de six mois une intervention cardiaque. Le cas de Pierre Latulippe, qui a vu son opération au coeur reportée 10 fois et qui est passé sous le bistouri alors qu'il était minuit moins une, a aussi été mis au jour.

 

Le ministre déplore ces cas qu'il qualifie d'«inacceptables». «Mais ce n'est pas ce que l'on trouve pour la majorité», a-t-il dit. M. Bolduc a affirmé qu'au début des années 2000, plus de 1000 personnes attendaient pour une opération cardiaque au Québec, alors qu'elles ne sont plus que 500. «Environ 75% d'entre elles sont opérées dans les délais. On veut ramener ça à 100%», a-t-il dit.

La pénurie de personnel qui entraîne la fermeture de plusieurs lits dans les services de soins intensifs à Montréal est une préoccupation majeure pour le ministre, qui se défend de s'être tourné les pouces dans le dossier. «On a donné des primes de 7 à 10% aux infirmières pour les encourager à choisir cette voie. Si ces primes n'étaient pas là, ce serait pire», a-t-il dit.

Le ministre reconnaît que le réseau de la santé est «sous tension». «Mais s'il y a quelqu'un qui est confiant, c'est moi. Dans notre gestion de la grippe A (H1N1), on a été parmi les meilleurs du monde. On va continuer comme ça», a-t-il déclaré.

En ce qui concerne la situation dans les urgences, le ministre constate que le nombre de séjours de 48 heures et plus a augmenté au Québec. À son arrivée au pouvoir, M. Bolduc avait pourtant promis d'améliorer la situation. «Oui, mais il y a certains facteurs qui entrent en ligne de compte, comme le vieillissement de la population et la récente éclosion de grippe A (H1N1)», a-t-il soutenu.

Le ministre assure que les urgences sont toujours sa priorité. «Je tiens à dire qu'il y a eu des améliorations dans certaines urgences. Et que la tournée que j'ai effectuée l'an dernier a permis d'apporter des améliorations notables, comme à Saint-Jérôme», a-t-il ajouté, tout en reconnaissant qu'il y a «encore du travail à faire» dans certains établissements, comme à l'hôpital Maisonneuve-Rosemont et au CHUM.

«Mais il y a 10 000 consultations par jour aux urgences. Les gens sont traités de la bonne façon», a-t-il dit.

Que pense-t-il de cette enquête du coroner, révélée pas La Presse la semaine dernière, qui a rapporté qu'une équipe de médecins de l'hôpital du Sacré-Coeur a peiné à réanimer une femme l'été dernier parce que la salle de réanimation des urgences était trop bondée? «Je ne veux pas commenter de cas en particulier. Mais je peux vous assurer qu'on met sur place des mécanismes pour ne pas qu'il y en ait», a-t-il dit.