Il est difficile de connaître avec exactitude le nombre d'accidents vasculaires cérébraux causés par une manipulation cervicale haute puisque les chiropraticiens ne sont pas tenus de dévoiler publiquement leurs manipulations et leur suivi, comme les médecins le font pour les ordonnances ou pour comptabiliser les cas de grippe diagnostiqués.

À la suite du rapport du coroner du Québec sur la mort de Pierrette Parisien, en 2007, le vice-président de l'Ordre des chiropraticiens de l'époque, Daniel Boisvert, avait réagi en affirmant qu'il se pratique 2,5 millions d'ajustements par année, ce qui représenterait de 35 à 40% de la pratique des chiropraticiens. Les risques, selon lui, sont de 1 cas sur 5,8 millions de manipulations cervicales.

Le Journal of Manipulative and Physiological Therapeutics a pour sa part déjà écrit, en 1996, qu'il y aurait 1 cas d'AVC pour 400 000 manipulations. Mais des médecins du Centre hospitalier universitaire de Strasbourg ont estimé en 2003 que l'incidence serait 40 fois plus importante.

Ce qui est clair, cependant, c'est que des poursuites ont été intentées contre des chiropraticiens. Une simple recherche sur l'internet a permis de dénombrer plusieurs cas, allant du décès aux lésions permanentes. Au mois de décembre dernier, par exemple, Monique Giroux, 56 ans, de Trois-Rivières, a poursuivi son chiro pour 1,4 million.

Autrefois très active, elle est aujourd'hui dans le même état que Patrick Underwood: difficulté à se déplacer, orthèse, bras gauche paralysé et troubles de l'attention. En Ontario, plusieurs cas devant les tribunaux ont déjà fait les manchettes, dont celui de Lana Dale Lewis, une maman de 45 ans, morte en 2004 après avoir consulté un chiro pour des migraines. Un autre cas, cette fois en Alberta, fait l'objet d'un recours collectif.

L'Association chiropratique canadienne a senti le besoin, à la suite de la mort de Lana Dale Lewis, de participer à trois études sur l'ajustement cervical. Il était question de réviser et de mettre à jour les directives. À ce jour, les chiropraticiens sont «encouragés» à obtenir le consentement écrit de leur patient. L'Association fournit un formulaire à cette fin qui dit qu'il est «extrêmement improbable qu'un ajustement des cervicales supérieures entraîne de telles lésions», c'est-à-dire un accident vasculaire cérébral.

Sur un site internet mis en ligne par des victimes (neck911.com), on tente par ailleurs de donner de l'information aux patients et de documenter les cas au Canada, aux États-Unis, en Angleterre et en Italie. Plus de 200 cas dans les 20 dernières années ont été recensés, avec le nom du chiropraticien. En 2000, des chercheurs en neurologie du Centre hospitalier universitaire vaudois, à Lausanne, ont réalisé des travaux sur la déchirure artérielle à la suite d'une manipulation cervicale. Ils ont étudié six cas de déchirure de l'artère vertébrale survenus en moins de six mois.