L'avocat de la famille de Valérie Castonguay, 25 ans, décédée à la suite d'une chirurgie esthétique au nez le 23 mai 2008, réclame un encadrement accru des chirurgies en clinique privée au Québec.

«On joue avec la vie du monde. On risque de faire mourir des personnes», a affirmé Me Jean-Pierre Ménard, en conférence de presse hier à Montréal. Il demande au Collège des médecins, à l'Ordre des infirmières et à l'Ordre des inhalothérapeutes de hausser leurs normes de pratique en clinique privée.

Valérie Castonguay, subissait une septo-rhinoplastie à la Clinique de chirurgie esthétique et plastique René Crépeau, une opération qui vise à améliorer l'esthétique faciale et la respiration.

L'enquête du coroner Paul Dionne confirme qu'un événement s'est produit en salle de réveil après la chirurgie qui nécessitait une anesthésie générale. On a administré de l'oxygène sous trop forte pression dans le tube qui permettait à Valérie de respirer, ce qui a causé des dommages importants aux organes internes et au cerveau. La jeune femme a été conduite à l'Hôpital Général de Montréal, où elle est décédée.

«On ne sait pas qui a branché le tube. Ça soulève des questions de supervision et de qualifications. Il y a une partie du contrôle de la qualité des soins qui existe dans les institutions publiques qui n'existe pas dans les cliniques privées», signale Me Ménard. Une poursuite sera engagée au civil contre la clinique.

«J'ai du mal à comprendre comment on peut facturer 10 000 $ de l'heure pour une opération et ne pas avoir les équipements, le personnel et la compétence pour assurer la vie d'une personne», affirme quant à lui le père de Valérie, Gérard Castonguay.

Dans son rapport, le coroner se demande si les standards de pratique étaient suffisants et interpelle le Collège des médecins et l'Ordre des infirmières de «revoir cet événement dans l'esprit d'une protection du public».

«À première vue, c'est un accident qui aurait aussi pu se produire dans un milieu hospitalier. On n'en est jamais à l'abri. Ce qui nous préoccupe, c'est de savoir si un cas comme celui-là peut être évité à l'avenir», déclare le Dr Yves Robert, secrétaire du Collège des médecins. Selon lui, la nouvelle loi 34, qui encadre les cliniques privées, va renforcer la qualité des soins.

Adoptée en 2009, la loi 34 fixe des normes strictes que doivent respecter les cliniques privées pour une cinquantaine d'interventions chirurgicales. Elles auront jusqu'au 31 mars 2010 pour s'y conformer, en obtenant un permis auprès du Ministère de la Santé.

Chez les infirmières, on préfère attendre avant de commenter. «Nous en sommes à l'analyse de cette situation. Si une plainte est déposée dans ce cas, nous allons l'étudier. Mais les standards de pratique des infirmières sont les mêmes au privé ou au public», souligne Carole Mercier, secrétaire générale de l'Ordre des infirmières.

La directrice générale de l'Ordre des inhalothérapeutes, Josée Prud'Homme, précise que l'Ordre visite chaque établissement, privé ou public, chaque 5 à 7 ans. Selon elle, les nouvelles lois ne pourront qu'améliorer la qualité des soins dans les cliniques privées.

Environ 60 cliniques privées au Québec offrent des interventions chirurgicales. La clinique du Dr Crépeau a refusé de commenter le cas.