Les inspecteurs qui visitent les supermarchés doivent s'intéresser à la salubrité des aliments qu'on y trouve ainsi qu'aux pratiques commerciales de l'exploitant. Dans cette deuxième catégorie, l'une des infractions les plus communes est le double étiquetage d'un produit.

Une nouvelle étiquette est soigneusement apposée sur un produit dont la date de péremption approche ou est arrivée. La qualité du produit n'est toutefois pas altérée. Du moins, en apparence. Comment un inspecteur peut-il mettre la main sur un produit dont on a changé la date de péremption? «S'il est très chanceux, il va faire sa visite au moment où des employés sont en train de modifier les étiquettes», explique Daniel Côté, du Centre québécois d'inspection des aliments et de santé animale Montérégie-Estrie. Les inspecteurs d'expérience savent aussi cibler les produits les plus susceptibles d'avoir droit à une seconde vie, dans le rayon des viandes ou de la boulangerie. Ils ont acquis des techniques d'examen qui leur permettent de repérer un double (et parfois triple!) étiquetage, aussi bien fait soit-il, explique Daniel Côté.

 

Au-delà de la chance et de l'expertise, plusieurs dénonciations sont faites mensuellement dans les centres d'inspection du ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation. Parfois même par des employés qui dénoncent les pratiques de leur patron en toute confidentialité. Les inspecteurs doivent ensuite vérifier l'information sur place. Cela peut mener à des condamnations pour des fraudes alimentaires autrement difficiles à déceler, par exemple lorsqu'on fait passer du porc pour du veau ou si des additifs interdits ont été utilisés.

Les inspecteurs vérifient aussi la température de certains aliments et vérifient au hasard si le poids de certains paquets correspond bien à l'étiquetage. Et s'il s'agit d'une erreur de bonne foi? «Nos interventions sont graduelles», explique M. Côté. L'inspecteur peut d'abord donner des avertissements. Mais il est permis d'avoir des doutes lorsque la même épicerie est condamnée plusieurs fois pour avoir modifié ses étiquettes...

Les inspecteurs visitent tous les types d'établissements où l'on sert de la nourriture, y compris les petits comptoirs des centres commerciaux et les stands des fêtes saisonnières.

Ils ne sont pas toujours bien reçus. Au Centre d'inspection, on nous assure que les commerçants sont assez coopératifs la plupart du temps.

Sur les lieux, certains restaurateurs nous ont toutefois confié qu'ils trouvaient les inspecteurs un peu trop tatillons. «On n'est pas à l'hôpital, ici!» a lancé le gérant d'un établissement du boulevard Taschereau qui a reçu plusieurs condamnations pour malpropreté.

Dans de rares cas, le restaurateur accueille très mal l'inspecteur. Certains exploitants finissent ainsi par avoir une amende supplémentaire pour avoir entravé le travail de ce dernier.