La Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec (FIQ) part en «guerre provinciale» contre les centres hospitaliers qui font appel à des agences privées pour combler leurs besoins en soins de santé. La FIQ, section Montréal, a déposé une requête devant la Commission des relations de travail contre le Centre de santé et de services sociaux (CSSS) Pierre-Boucher, de Longueuil, mettant en cause sept agences privées, a appris La Presse.

Mais ce n'est que le début. Selon nos informations, plus d'une vingtaine de requêtes ont été déposées par la FIQ contre différents hôpitaux, mettant en cause les agences, à travers le Québec. Parmi ces établissements, on retrouve les centres hospitaliers Maisonneuve-Rosemont, Honoré-Mercier, Charles LeMoyne, Jean-Talon, Le Gardeur et un centre hospitalier de Joliette. Le CHUM n'a pas recours aux agences privées.

Dans le cas du CSSS Pierre-Boucher, l'alliance syndicale représentant 57 000 professionnelles allègue que l'établissement contrevient au Code du travail en faisant appel à une quarantaine de professionnels pour combler ses besoins infirmiers aux urgences et en médecine cardiorespiratoire, sans tenir compte de leur certificat d'accréditation. On réclame de la Commission qu'elle déclare que ces employés font partie de la même unité de négociation que la FIQ.

Joint hier, l'un des dirigeants d'une agence mise en cause, qui compte 500 clients au Québec, n'a pas hésité à qualifier les requêtes qui s'additionnent de «guerre provinciale» de la part des différentes centrales syndicales. Selon Stéphane Prévost, de l'agence Girafe Santé, la FIQ veut «décourager» les hôpitaux d'avoir recours au privé.

«Dans certains cas, c'est vrai, il y a du recrutement de personnel de la part de certaines agences au sein des hôpitaux, dit-il. Mais ce n'est pas notre cas. Nous ne sommes pas des loups qui débarquons dans la bergerie.»

À la FIQ, la présidente Régine Laurent, qui n'a pas hésité à qualifier de «vautours» les agences privées, cette semaine, est d'accord avec Girafe Santé pour dire qu'il s'agit d'une «guerre provinciale». Elle va plus loin, en ajoutant que l'alliance va additionner les recours juridiques.

«Oui, on veut décourager les hôpitaux, dit Mme Laurent. On parle ici d'une complicité entre le gouvernement et les agences privées. On va sortir publiquement au cours des prochains jours pour dire à la population combien ces agences grugent de l'argent dans les impôts des contribuables. Le gouvernement cache les vrais chiffres. Sans oublier la continuité des soins qui n'est pas assurée.»

Selon des données du ministère de la Santé et des Services sociaux, les heures travaillées par le personnel des agences de santé représenteraient 4,1% de la somme totale, l'an dernier. Au ministère, on explique que l'organisation du travail est présentement évaluée pour pallier la pénurie de personnel et éliminer le recours aux agences privées. Un comité de travail doit se réunir prochainement.