Nouveaux cafouillages dans le feuilleton des hôpitaux universitaires de Montréal. Après que Québec eut annoncé qu'il comptait renégocier avec les quatre firmes en lice le prix de la construction du CUSM et du centre de recherche du CHUM, l'un des principaux soumissionnaires prévient que le jeu a assez duré. SNC-Lavalin menace désormais de reprendre ses billes.

Le gouvernement Charest admet qu'il aura à payer plus cher que prévu pour le Centre hospitalier universitaire de l'Université McGill (CUSM) et pour le centre de recherche du CHUM francophone. En point de presse mercredi, le ministre de la Santé, Yves Bolduc, et sa collègue au Trésor, Monique Gagnon-Tremblay, ont annoncé qu'ils donnaient 60 jours aux soumissionnaires (deux consortiums pour chaque projet) pour revenir avec des propositions «se rapprochant le plus possible» des sommes prévues par Québec.

Québec avait prévu 1,13 milliard de dollars pour le CUSM et pensait s'en tirer avec 320 millions pour le centre de recherche du CHUM. Toutes les propositions reçues excèdent ces sommes.

Le CUSM a reçu comme une gifle la décision de Québec de remettre les consortiums en compétition. Son conseil d'administration avait adopté une résolution par laquelle il retenait explicitement le projet de SNC-Lavalin et s'attendait à ce que Québec lui donne le feu vert pour renégocier à la baisse les coûts avec ce seul soumissionnaire, a appris La Presse.

À SNC-Lavalin, on ne mâchait pas ses mots, mercredi : «Nous sommes en désaccord avec la décision du gouvernement et nous ne la comprenons pas puisqu'il avait été déjà annoncé que nous remportions ce mandat. Nous croyons que nous avons soumis la meilleure offre pour les besoins du CUSM et de ses patients. Nous nous réservons le droit d'évaluer nos options lorsque nous aurons de plus amples informations», a résumé Leslie Quinton, vice-présidente aux communications de SNC-Lavalin.

Mme Gagnon Tremblay souligne : «Au niveau technique, il n'y a aucune difficulté. Mais il y a dépassement de coûts et on demande à chacun des consortiums de retravailler durant 60 jours pour se rapprocher le plus possible du budget prévu. Dans 60 jours, le gouvernement choisira le consortium dans chaque cas et la construction devrait débuter au printemps comme prévu.»

Elle n'a pas voulu confirmer l'information publiée par La Presse la semaine dernière, selon laquelle la proposition pour le CUSM excédait de 300 millions le 1,13 milliard prévu.

Le ministre Bolduc affirme que les soumissions reçues sont excellentes. «Mais on sait, dit-il, qu'il y a moyen d'avoir un meilleur coût. C'est pour cela qu'on demande aux consortiums de travailler. On sait qu'il y a une marge de manoeuvre pour ramener ça très près du budget initial. Par exemple, on a mis des choses qui n'étaient pas si nécessaires au point de vue clinique.»

Mme Gagnon-Tremblay a ajouté : «Il appartient au gouvernement de décider. Il est tout à fait raisonnable de demander aux consortiums de retravailler. Dans 60 jours, on saura exactement le montant à engager pour les 30 ans à venir. Il n'y aura pas de surprise.»