Les personnes atteintes du VIH vivent dans la crainte d'attraper la grippe A (H1N1) et se sentent totalement oubliées par les responsables de la santé publique.

«Il existe un très haut niveau d'anxiété. Tous nos malades nous parlent de leurs inquiétudes, mais nous ne savons pas quoi leur répondre. Nous avons très peu d'information de la part de la santé publique», dénonce le Dr Réjean Thomas, de la clinique médicale L'Actuel.

 

Pas moins de 2500 patients sont suivis à cette clinique. La plupart souffrent de co-morbidité, c'est-à-dire qu'ils ont plus d'une maladie. Dans bien des cas, leur système immunitaire est déjà affaibli.

Mais leurs questions ne trouvent pas de réponses. Doivent-ils se faire vacciner? Si oui, recevront-ils le vaccin en premier, comme c'est le cas pour les groupes à risque? C'est un véritable casse-tête pour les médecins.

«On attend. Mais on le voit, ça crée une panique chez nos patients, davantage que chez le reste de la population. Ce sont des personnes qui ont déjà un système immunitaire affaibli. On ne voit jamais cette panique-là avec la grippe saisonnière», ajoute le Dr Thomas, en rappelant que tous les ans, les personnes vivant avec le VIH sont invitées à se faire vacciner contre la grippe saisonnière.

La santé publique se veut pourtant rassurante. Les personnes séropositives ne sont pas considérées comme plus à risque de contracter la grippe A (H1N1), explique le Dr Horacio Arruda, directeur de la protection de la santé publique du Québec.

«Elles vont être vaccinées au même titre que la population en général. Nous recommandons le vaccin, comme c'est le cas pour la grippe saisonnière, mais il n'y a pas de complications plus sévères qui ont été décelées», indique le Dr Arruda.

La crainte d'attraper la grippe A (H1N1) frappe plus durement ceux dont le système immunitaire est affaibli, ou encore ceux qui souffrent d'un fort niveau d'anxiété.

Les gens qui souffrent de troubles obsessifs-compulsifs, par exemple, vivent constamment dans la peur d'attraper une maladie. Le nouveau virus en circulation n'y fait pas exception.

«Ça fait des années qu'ils ont déjà cette crainte, pour la grippe, pour les rhumes, les pneumonies», explique le Dr Martin Tremblay, porte-parole scientifique de la Fondation des maladies mentales.

Ces personnes ne resteront pas pour autant recluses à la maison. Pour elles, la menace est la même qu'avant la pandémie, ajoute le Dr Tremblay.

«La plupart de ces personnes vont fonctionner en apparence normalement, au prix de grands efforts pour tout surmonter, tout contourner, pour se laver les mains 75 fois dans la journée», explique le Dr Tremblay.

En revanche, les personnes qui souffrent d'anxiété maladive ou de troubles obsessifs-compulsifs ont l'impression que le reste de la population comprend désormais mieux leur angoisse, ajoute-t-il.