Alors que les autorités sanitaires craignent que la grippe A (H1N1) ne fasse plusieurs victimes l'hiver prochain au Québec, certaines commissions scolaires de la grande région de Montréal limiteront la distribution de gel antiseptique pour les mains dans leurs écoles pour éviter que les enfants ne se blessent avec cette «substance irritante». 

La Commission scolaire de Montréal (CSDM) se contentera d'offrir du gel antiseptique à ses visiteurs. «Si on installe des distributeurs à l'école, ce sera près des secrétariats, pour les visiteurs. On se fie à la directive de la santé publique qui dit de garder ce produit hors de la portée des enfants», dit le porte-parole de la CSDM, Alain Perron.

La commission scolaire Marguerite-Bourgeoys adoptera la même ligne de conduite. «Nous en donnerons seulement si l'accès aux lavabos n'est pas facile ou si la pandémie devient très grave», dit la porte-parole Brigitte Gauvreau.

Une note distribuée aux écoles le 8 septembre par l'Agence de la santé et des services sociaux de Montréal (ASSS-Montréal) recommande «d'utiliser un rince-mains antiseptique (...) lorsque l'accès à des lavabos est difficile. Dans ce cas, ils doivent être disponibles dans un lieu où leur utilisation est sous la supervision d'un adulte (ex.: le professeur). De plus, ces rince-mains doivent être gardés hors de la portée des enfants (ex: sous clé près du bureau du professeur)».

Cette consigne ne sera pas suivie par toutes les commissions scolaires. «À ce que je sache, il n'y a pas de mot d'ordre ici. On a même passé des commandes et nous enverrons bientôt du gel antiseptique dans les écoles, a dit la porte-parole de la commission scolaire Marie-Victorin, Catherine Giroux. Les professeurs devront surveiller les élèves. On favorise le lavage des mains traditionnel, mais les élèves ne peuvent pas toujours sortir de la classe pour aller se laver les mains.»

En août dernier, la Commission scolaire de Québec a dit qu'elle avait installé 500 distributeurs de produit antiseptique dans ses 70 écoles.

Loin de faire l'unanimité

Les mesures mises en place pour contrer la grippe A (H1N1) dans les écoles sont loin de faire l'unanimité chez les enseignants. «En plus de limiter le Purell, on demande aux enseignants de désinfecter eux-mêmes certains objets dans leur classe. Et ils doivent fournir les produits désinfectants! On est en discussions depuis jeudi pour corriger ça. On va voir ce que ça va donner», a dit le porte-parole de l'Alliance des professeures et professeurs de Montréal, Yves Parenteau.

Les gels antiseptiques sont un bon moyen de limiter les infections, selon le Dr Michel Poisson, microbiologiste au Centre hospitalier de l'Université de Montréal (CHUM). «Ça ne serait pas diffusé si largement dans les hôpitaux si ce n'était pas utile», note-t-il.

Il reconnaît toutefois que les enfants, qui se mettent souvent les mains dans la bouche, pourraient ingérer malencontreusement une substance à forte teneur en alcool. «Les gels sont très efficaces contre la plupart des bactéries et virus, dont la grippe. Mais ils contiennent 70% d'alcool. Il faut une supervision pour les jeunes enfants», dit-il.