Le gouvernement Charest a pris sa décision. Le CHUM sera construit en partenariat avec l'entreprise privée (PPP), et il ne sera plus question d'un plan B. Monique Gagnon-Tremblay, présidente du Conseil du Trésor, a confirmé sans détour l'information publiée hier par La Presse.

Le gouvernement a assuré les deux consortiums retenus pour soumissionner la construction du futur hôpital que le mode PPP serait maintenu. Cette information a filtré dans le réseau de la Santé.

En juin, Québec avait décidé de remettre en question la construction du nouvel hôpital universitaire francophone en PPP. Les avantages liés aux PPP en période de crise économique sont beaucoup moins grands, notamment parce que les consortiums ont plus difficilement accès aux capitaux. Les choses ont changé, a soutenu hier Mme Gagnon-Tremblay.

«On se souviendra que, dans le courant de l'été, on a beaucoup discuté (de cette question) par rapport à la crise économique. La crise économique nous a obligés à nous questionner sur le financement. Le financement ne semble pas être une difficulté actuellement. Nous poursuivons», a-t-elle affirmé hier matin avant une réunion du Conseil des ministres.

En réponse au député péquiste Sylvain Simard, qui lui avait demandé si le PPP n'était plus remis en question, elle a lancé: «La décision a été prise.»

Pourtant, un peu plus tôt, Yves Bolduc avait dit que le gouvernement était toujours en train de «revoir» le mode de réalisation du nouveau CHUM. «On va choisir le meilleur mode de réalisation, au moment venu, dans l'intérêt des contribuables québécois», avait-il dit la veille, à la période des questions. En fin de journée, il a indiqué à La Presse qu'il devait avoir dans les prochaines heures une rencontre avec Mme Gagnon-Tremblay à ce sujet.

Dans les coulisses, on prévoit que l'un des groupes, Innisfree, demandera au gouvernement de fournir le financement nécessaire. L'enjeu est de taille: Québec peut financer à 4% des emprunts énormes frappés de taux qui dépassent 7% dans les institutions privées. Hier, le ministre des Finances, Raymond Bachand, a dit croire que, au printemps 2010, au moment du dépôt des soumissions, le contexte économique permettra aux entreprises de trouver le financement au privé. Si l'un des groupes éprouve des problèmes, Québec devra toutefois consentir à le financer, quelle que soit la soumission retenue - le gouvernement ne peut se permettre de se retrouver avec un seul soumissionnaire.

En mars, le premier ministre Charest avait lui-même évoqué un «plan B» si le gouvernement décidait de renoncer au PPP, comme il l'a fait pour la réfection de l'échangeur Turcot. «Il n'y a plus du tout d'économies parce que le contexte économique mondial change les conditions de financement de nos partenaires», avait dit la ministre des Transports, Julie Boulet, lors de l'annonce de la décision, en juillet.

Les deux ministres ont confirmé qu'un litige oppose le gouvernement et les deux consortiums au sujet des dédommagements à prévoir au contrat, comme l'a indiqué La Presse hier. «Aucune entreprise ne travaille bénévolement» a soutenu Mme Gagnon-Tremblay, relancée à propos des indemnités de 15 millions que réclament les deux consortiums afin de payer le travail nécessaire à la préparation de la soumission.

Travaux arrêtés

Yves Bolduc a confirmé que les travaux n'ont pas avancé pour cette raison. «Il y a des discussions qui devraient aboutir et les travaux devraient reprendre», a-t-il soutenu, confirmant la paralysie du projet.

«Il va y avoir un retard de quelques semaines. Mais par la suite, quand on se sera entendus, les travaux vont reprendre, et puis il y a moyen de récupérer le retard, selon le nombre de personnes qui seront affectées aux travaux», a-t-il expliqué, ce que mettent en doute les professionnels spécialisés. «De tels projets nécessitent de mettre ensemble beaucoup de personnes... Cela ne se fait pas si facilement qu'on le pense», résume-t-on. Plus tôt, le ministre Bolduc avait souligné que les six mois de retard pouvaient être rattrapés en affectant davantage de ressources à la préparation des soumissions. Or, ces soumissions doivent être très soigneusement préparées; les entrepreneurs doivent tout y prévoir pour ne pas sous-estimer les coûts.

Selon le ministre Bolduc, l'échéance de 2014 pour la réalisation de la première phase du projet et de 2018 pour la deuxième demeure. Le projet coûtera 2,5 milliards de dollars en tenant compte de l'inflation.