Un nouveau type de clinique médicale fera son apparition cet après-midi à Montréal: la clinique réseau intégrée. Une douzaine de professionnels de la santé, dont des infirmières, appuieront une dizaine de médecins. Cela permettra à chaque médecin de prendre 2000 patients, plutôt que 1500, dans un groupe de médecine familiale. D'ici 10 ans, prévoit l'Agence de la santé et des services sociaux de Montréal (ASSS), 60 cliniques réseau intégrées assureront à chacun des 1,8 million d'habitants de l'île l'accès à un médecin de famille attitré.

«L'objectif est de réduire les visites aux urgences et d'améliorer le suivi et la qualité de vie des patients», explique David Levine, directeur général de l'ASSS.

La première clinique-réseau intégrée (CRI) ouvre ses portes à l'Hôpital de Verdun, dans les anciens locaux de la clinique de médecine familiale. Une autre ouvrira cet automne à l'Hôpital général juif. La CRI de Verdun est la suite logique des efforts d'un groupe de médecins qui ont fondé le premier groupe de médecine familiale de la province, en 2003. Les groupes de médecine familiale, proposés par le rapport Clair, offrent à leurs patients des cliniques sans rendez-vous où ils peuvent consulter un collègue de leur médecin de famille si ce dernier ne peut les recevoir. Il existe à Montréal 45 groupes de médecine familiale et cliniques réseau, une variante qui accepte tous les patients sans rendez-vous, pas seulement ceux qui sont inscrits.

À coups de 200 patients

«Nous nous sommes engagés envers l'ASSS à prendre 200 patients vulnérables cette année, et 200 l'an prochain», explique David Dunn, qui dirige la CRI de Verdun. «Nos médecins, qui occupent l'équivalent de 11 postes à temps plein, ont pour le moment un peu moins de 20 000 patients. Je pense qu'ils vont en fait prendre 400 nouveaux patients par année avec le soutien supplémentaire.» La CRI du Dr Dunn est ouverte 12 heures par jour la semaine, et 8 heures par jour la fin de semaine.

Les groupes de médecine familiale ont déjà un certain soutien, soit deux infirmières. «L'idée derrière tout ça est de revenir à certains aspects de l'organisation des cliniques avant l'arrivée de l'assurance maladie, dit M. Levine. Beaucoup de médecins se faisaient aider par une infirmière. Mais la Régie de l'assurance maladie ne payait les médecins que s'ils voyaient eux-mêmes les patients. Les cliniques ont remercié les infirmières. Maintenant, l'objectif est la prise en charge du patient, que ce soit par un médecin ou par un autre professionnel de la santé.»

Chaque CRI devra desservir un bassin de population d'environ 30 000 personnes. Avec 60 CRI, espère M. Levine, les patients qui n'ont pas de médecin de famille pourront être inscrits facilement à partir d'une visite sans rendez-vous. Pour le moment, les CRI n'inscrivent que les patients «vulnérables», par exemple les femmes enceintes ou les diabétiques.

Si un secteur de l'île a déjà son quota de CRI, sera-t-il interdit d'en ouvrir une nouvelle? «En théorie, oui, dit M. Levine. Mais je ne m'attends pas à voir ça rapidement.»

La masse critique de médecins de famille d'une CRI facilitera l'accès aux spécialistes. Certains ouvriront même un cabinet dans une CRI, espère M. Levine. La présence d'un programme de formation universitaire en médecine familiale à l'Hôpital de Verdun permettra aussi aux futurs médecins de s'habituer au travail en partenariat, et pourrait rehausser l'attrait de la médecine familiale, branche dans laquelle les postes de résidents ne sont pas tous comblés.