La clinique médicale l'Actuel fait des vagues dans la communauté médicale internationale ces jours-ci. L'établissement vient de publier une étude, supervisée par le Dr Benoît Trottier, qui montre qu'il serait possible de diminuer le nombre de médicaments des personnes infectées par le VIH qui résistent à la trithérapie.

Inventée en 1996, la trithérapie permet de baisser la charge virale des patients jusqu'à rendre le VIH indétectable. Les personnes résistantes à ce traitement doivent avaler un cocktail de médicaments légèrement différent et peuvent prendre jusqu'à sept capsules par jour.

 

Avoir avoir analysé les dossiers de 100 patients de la clinique l'Actuel, l'équipe du Dr Trottier a réalisé que certains patients pourraient être surmédicamentés. Il n'y aurait pas d'impact sur leur état de santé s'ils diminuaient leur prise de médicaments à, par exemple, trois par jour.

«On a remarqué que donner plus de médicaments n'entraînait pas nécessairement de meilleurs résultats sur les charges virales de ces patients», explique le médecin fondateur de la clinique l'Actuel, le Dr Réjean Thomas. Des analyses plus poussées sont nécessaires pour établir clairement de quels médicaments les patients pourraient se passer. À ce sujet, la clinique l'Actuel mènera une étude clinique dès cet automne.

À la cinquième conférence internationale sur le sida, qui s'est tenue du 19 au 22 juillet en Afrique du Sud, la découverte de la clinique l'Actuel a fait beaucoup jaser. «On a répondu à une question que beaucoup de médecins se posaient depuis longtemps», affirme le Dr Thomas.

Même l'Organisation mondiale de la santé s'est dite très contente des résultats. «Il y a des coûts importants liés aux traitements qui ont un impact direct sur leur accessibilité. Surtout dans les pays pauvres. Sans mentionner ce que représente la surmédicalisation sur le plan de la toxicité et des effets secondaires chez les patients», note le Dr Thomas.

Quand on sait qu'une trithérapie simple coûte environ 1500$ par mois, diminuer le nombre de médicaments réduirait les dépenses de façon significative. «Avec l'explosion des coûts de traitement, notre étude devrait intéresser les gouvernements, même ici», souligne le Dr Thomas.

En attendant d'approfondir la recherche, le Dr Thomas rappelle que les personnes qui vivent avec le VIH ne doivent pas modifier elles-mêmes leur médication.