Dans tout le Canada, c'est au Québec que les patients sont les moins nombreux à pouvoir compter sur un médecin de famille lorsqu'ils sont malades.

Seulement les trois quarts des Québécois ont un médecin régulier qu'ils peuvent consulter en cas de besoin. Cette proportion grimpe à 85% à l'échelle canadienne.

Les Québécois sont également deux fois plus nombreux que les autres Canadiens à se présenter dans une clinique sans rendez-vous ou un CLSC lorsqu'ils ont un problème de santé.

Voilà ce que révèle un nouveau rapport publié par l'Institut canadien d'information sur la santé (ICIS) portant sur l'expérience vécue en soins de santé primaires au Canada.

En ce qui a trait à l'accès à un médecin de famille, «le Québec est assurément distinct comparativement aux autres provinces», analyse Claude Lemay, gestionnaire à l'ICIS.

La nouvelle étude a été réalisée d'après l'Enquête canadienne sur l'expérience des soins de santé primaires, menée en 2008 par Santé Canada et cofinancée par l'ICIS. Cette enquête a permis d'interroger plus de 11 000 Canadiens.

Elle révèle notamment qu'une majorité de Canadiens se tournent généralement vers la même clinique dès qu'ils ont un problème de santé mineur. Une situation qui prévaut aussi au Québec, mais dans une proportion légèrement moindre: 91% comparativement à 85%.

La différence la plus importante entre le Québec et le reste du Canada vient du type d'établissement visité. Les trois quarts des répondants à l'échelle canadienne ont ainsi affirmé qu'ils consultent généralement dans une clinique ou un cabinet de médecin. Au Québec, seulement 58% des répondants se tournent vers ce type d'établissements de santé. Le tiers des patients québécois se présentent plutôt dans une clinique sans rendez-vous ou un CLSC.

Malgré ces différences, une forte proportion de répondants se disent satisfaits des soins reçus. «La question qui demeure est qu'il y a un certain pourcentage de gens qui disent ne pas avoir d'endroit régulier où aller. Il y a aussi un certain pourcentage de gens qui disent ne pas avoir de médecin de famille, et c'est plus élevé au Québec», déclare M. Lemay.

Il serait intéressant, dans une enquête subséquente, de tenter de voir les raisons qui expliquent cette situation, ajoute-t-il.

Maladies chroniques

L'étude s'est aussi penchée sur les Canadiens qui souffrent d'une maladie chronique et qui doivent faire l'objet d'un suivi régulier auprès d'un médecin.

Le quart de la population canadienne est atteinte d'un problème de santé chronique, qu'il s'agisse de diabète, d'une maladie cardiaque, d'hypertension artérielle ou encore de quelqu'un qui a été victime d'un AVC.

Pouvoir compter sur un médecin de famille ou, du moins, avoir une clinique médicale où son dossier est connu est très important, affirme la Dre Sharon Johnston, médecin de famille et professeur à l'Université d'Ottawa.

«Il s'agit d'une mesure fondamentale, car tout le reste en dépend. Avoir un endroit où on peut aller de façon régulière est ainsi associé à moins de visites aux urgences», précise la Dre Johnston.

Bonne nouvelle, l'étude publiée par l'ICIS démontre que la majorité des répondants atteints d'une maladie chronique ont été suivis à leur clinique régulière au cours de la dernière année. Par contre, une proportion importante d'entre eux ont confié ne pas avoir de plan de traitement ou n'avoir pas été suffisamment conseillés par l'équipe médicale.

«Il faut du temps, reconnaît la Dre Johnston. Ce n'est pas seulement en une visite que nous allons élaborer un plan de traitement et qu'il sera parfait pour les 12 mois à suivre.»

Le concept d'autogestion de la maladie par le patient demande d'ailleurs beaucoup d'ajustements et d'évolution, de la part tant du médecin que du patient. Des changements qui sont longs à implanter.