Il faudrait plus de spécialistes, plus de techniciens et l'application de normes nationales pour les tests si l'on veut améliorer les soins aux patients atteints de cancer, ont prévenu mercredi les membres de l'Association canadienne des pathologistes (ACP), à l'issue de leur congrès annuel à Halifax.

L'ACP n'a pas le pouvoir d'imposer ses volontés aux gouvernements des provinces qui sont responsables de la santé. Le président sortant de l'organisation, Jagdish Butany, croit cependant que les autorités sanitaires comprennent l'importance de la situation et seront sensibles à ses demandes.

«Les pathologistes du Canada sont déterminés à donner les meilleurs soins possibles à leurs patients. Si ces nouvelles et importantes recommandations sont adoptées sur le plan national, les patients et le système de santé en récolteront les bénéfices», a-t-il fait valoir en conférence téléphonique avec les médias.

D'après lui, le vieillissement de la population et les avancées technologiques ont beaucoup complexifié le travail des pathologistes dont la tâche est devenue «excessive».

L'Association des pathologistes du Québec estime ainsi que dans certaines régions dont celle de Montréal, il faudrait doubler le nombre de spécialistes pour bien répondre à la demande. Le hic, c'est qu'il y a très peu de relève au Canada et qu'il faudra vraisemblablement embaucher à l'étranger.

«On a une carence importante, sinon extrême, de pathologistes au Québec et cette carence-là engendre une surcharge de travail qui est potentiellement dangereuse», a insisté le docteur Luc Oligny, président de l'organisme.

Selon lui, des investissements importants seraient par ailleurs nécessaires dans les laboratoires si l'on veut véritablement limiter le risque de crises comme celle qu'a vécue Terre-Neuve ou comme celle que traverse actuellement le Québec, où plus de 2700 tests de cancer du sein devront être refaits.

Une étude a en effet laissé croire que des tests de laboratoire de pathologie avaient pu amener des médecins à prescrire le mauvais traitement à leurs patientes.

A cet égard, les pathologistes prônent d'ailleurs l'adoption de normes nationales d'assurance-qualité pour le dépistage «spécialisé» du cancer, c'est-à-dire l'immunohistochimie ou IHC, qui sert entre autres à déterminer le traitement approprié.

Le docteur Butany a expliqué mercredi qu'en ce domaine, il était très important de s'assurer que tous les Canadiens bénéficient de services de pathologie certifiés.

«Il faut qu'il y ait un organisme pour les accréditer, a-t-il expliqué. Que ce soit un organisme provincial ou central, les normes devraient être les mêmes pour que tous les patients du pays soient certains que les résultats obtenus dans une province seraient identiques à ceux qu'on obtiendrait ailleurs.»

Il a ajouté qu'à son avis, certains des tests les plus complexes devraient être confiés à des laboratoires spécialisés, plutôt qu'être réalisés dans des hôpitaux ne bénéficiant pas nécessairement d'une expertise de pointe dans ces secteurs.

Finalement, les pathologistes canadiens sont convenus à Halifax d'adhérer de manière formelle aux protocoles concernant le cancer du College of American Pathologists, qui dictent entre autres la manière dont doit être présentée l'information sur les résultats d'analyse.

L'ACP espère que cela facilitera la tâche des médecins et des chercheurs qui travaillent avec les victimes de cancer ou qui oeuvrent à trouver des traitements.

Au bout du compte, la facture pour le Québec pourrait dépasser le milliard de dollars, mais le docteur Oligny assure que cela en vaudra la peine.

«Il ne faut pas oublier que la médecine ne peut pas être meilleure que la pathologie, a-t-il insisté. Si le pathologiste donne un mauvais diagnostic, le traitement du clinicien va être erroné.»